P.307 - Association entre la dynapénie et le statut nutritionnel et fonctionnel chez des patients atteints de cancer digestif traités par chimiothérapie en ambulatoire (étude FIGHTDIGO)
Introduction
L’étude FIGHTDIGO a déterminé la faisabilité et l’acceptabilité en routine de la mesure de la force musculaire par handgrip test (HGT) chez 201 patients traités par chimiothérapie ambulatoire pour cancer digestif(1). La présence d’une perte de force musculaire (dynapénie) pré-thérapeutique était prédictive des neurotoxicités chimio-induites dose-limitantes(2). Un objectif secondaire de l’étude FIGHTDIGO était l’évaluation de l’association entre la force musculaire et les marqueurs du statut nutritionnel et fonctionnel.
Matériels et méthodes
Cette étude ancillaire était monocentrique et prospective sur une durée de suivi de 6 mois. Quatre mesures de force musculaire HGT (2 de chaque côté) étaient effectuées à l’aide d’un dynamomètre de Jamar à chaque séjour pour chimiothérapie en unité ambulatoire. Les données anthropométriques, biologiques et l’état général étaient recueillis à chaque hospitalisation. Le score de Glasgow modifié (mGPS) a été calculé grâce aux valeurs d’albuminémie et de protéine C-réactive (CRP). La dénutrition était définie par un indice de masse corporelle (IMC) <21 kg/m² chez les patients <70 ans, et un IMC <18.5 kg/m² chez ceux >70ans ; la dénutrition sévère par un IMC <18 kg/m² et <16 kg/m² respectivement. La dynapénie était définie par une mesure de HGT <30kg (hommes) et <20kg (femmes). Les analyses univariées et multivariées ont été effectuées à l'aide d’un modèle de régression logistique.
Résultats
Un total de 1716 hospitalisations a été recueilli. Les caractéristiques des 201 patients étaient : sex ratio H/F 1,43 ; âge médian 65,5 ans ; 51,2% de cancer colorectaux ; 69% chimiothérapie palliative. Une perte de force musculaire a été retrouvée pour 288 mesures (16,89%). En analyse univariée, les patients ayant un mGPS égal à 1 et 2 étaient à risque de développer une dynapénie (OR = 2,15 [1,65 – 2,81] ; p < 0,0001). Un état général altéré (ECOG 2 et 3) était un autre facteur de risque de dynapénie (OR = 6,04 [4,14 – 8,82] ; p < 0,0001). Une corrélation significative était démontrée entre l’IMC et la perte de force musculaire (p = 0,0147), mais le gain d’une unité d’IMC diminuait le risque de dynapénie (OR = 0,97 [0,94 – 0,99]). La présence d’une dénutrition ou d’une dénutrition sévère était un facteur de risque important de perte de force musculaire (OR = 2,85 [2,06 – 3,93] ; p < 0,0001 et OR = 14,96 [6,48 – 34,53] ; p < 0,0001, respectivement). Enfin, le mGPS recombiné (scores 1 et 2), un état général altéré (ECOG 2 et 3) et la présence d’une dénutrition sévère étaient identifiés comme des facteurs de risque de dynapénie en analyse multivariée (OR = 1,73 [1,30-2,29] p = 0,0001, OR 4,02 [2,65-6,11] p = <0,0001, et OR 7,21 [2,79-18,67] p = <0,0001 respectivement). Chaque analyse était ajustée sur le patient.
Discussion
Conclusion
La dynapénie est associée de façon significative aux marqueurs de statut nutritionnel et fonctionnel chez les patients atteints de cancer digestif traités par chimiothérapie. L’identification précoce de la perte de force musculaire pourrait être utile pour dépister la dénutrition et prévenir les toxicités liées au traitement. Les patients pourraient alors bénéficier d’un support nutritionnel, d’une activité physique adaptée et d’ajustements thérapeutiques précoces.
Remerciements
Mots clés : dynapénie, force musculaire, sarcopénie, cancers digestifs, dénutrition