JFHOD

CO.129 - Comparaison du traitement chirurgical et du traitement endoscopique des lithiases de la voie biliaire principale et des tumeurs bénignes du côlon. Étude réalisée à partir des bases médico administratives entre 2013 et 2018

M. Robaszkiewicz, A. Boiton, N. Saidani, M. Chantegret, D. Bernardini, E. Boutin, S. Koch, F. Tesiorowski, G. Plessia, O. Gronier, L. Lamarsalle, S. Chaussade

Introduction

L'impact financier de la prise en charge chirurgicale ou endoscopique d’une même affection digestive est mal évalué. C’est pourtant un élément essentiel de maîtrise des dépenses pour l'Assurance Maladie et pour les établissements de santé. La SFED et les principaux industriels du dispositif médical du secteur adhérents du syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM) ont mené cette étude afin de disposer d’éléments de comparaison objectifs dans des discussions qu’ils mènent avec les tutelles pour la valorisation des procédures endoscopiques. 

Objectifs de l’étude 

  1. Comparer la prise en charge médicale et la prise en charge chirurgicale des lithiases de la voie biliaire principale (LVBP) et des tumeurs bénignes du côlon ;
  2. Évaluer la mortalité précoce à 1 mois, ainsi que le taux de ré-hospitalisation dans les 6 mois suivant l’acte initial (les données de morbidité ne figurant pas directement dans les bases de données médico-administratives) ; 
  3. Évaluer les coûts respectifs des deux prises en charge.

Patients et Methodes

Cette étude a été réalisée dans une cohorte longitudinale extraite de la base de données nationale PMSI MCO. Elle portait sur tous les séjours des patients pour des LVBP ou des tumeurs bénignes du côlon diagnostiquées entre 2013 et 2018. En raison d’un déséquilibre des effectifs entre la prise en charge chirurgicale et endoscopique, la comparaison a porté sur des groupes appariés, un à un, à partir des effectifs les plus faibles. L’appariement a été effectué sur l’âge, le sexe, le score de Charlson (score de comorbidités prédictif de survie). Le bon équilibrage des données appariées a été vérifiée par le calcul des différences standardisées.

Résultats

Entre 2013 et 2018, 96 202 patients ont été hospitalisés pour une ablation de LVBP : 1893 (2 %) ont été opérés et 94 309 (98 %) ont eu un traitement endoscopique. Leur âge moyen était respectivement de 66,7 +/- 19,1 ans et de 69,6 +/- 17,9 ans. Après appariement, la mortalité précoce était de 3,4 % chez les patients opérés et de 3,0 % chez les patients traités par endoscopie. A 6 mois la probabilité d’un second séjour hospitalier était de 4,6 % chez patients opérés et 6,2 % des patients traités par endoscopie (log-rang : p=0,03). Le coût moyen par patient du traitement chirurgical était de 8936 € [IC 95 % : 8693-9186] ; celui du traitement endoscopique était de 2889 € [IC 95 % : 2811-2970]. Le ratio des coûts chirurgie appariée vs. endoscopie appariée était de 3.09 [IC 95 % : 2.97-3.22] (p<0,0001).

Durant la même période, 2 248 754 patients ont été hospitalisés pour le traitement de tumeurs bénignes du côlon : 12 255 (0,5 %) ont été opérés et 2 236 499 (99,5 %) ont été traités par exérèse endoscopique (polypectomie ou mucosectomie). Leur âge moyen était respectivement de 65,7 +/- 13,1 ans et de 61,8 +/- 11,4 ans. Après appariement, la mortalité précoce était de 1,3 % chez les patients opérés et de 0,6 % chez les patients traités par endoscopie. A 6 mois, la probabilité d’un second séjour hospitalier était de 2,2 % chez patients opérés et 1,9 % des patients traités par endoscopie (log-rang : p=0,20). Le coût moyen par patient du traitement chirurgical était de 5859 € [IC 95 % : 5838-5881] ; celui du traitement endoscopique était de 926 € [IC 95 % : 923-930]. Le ratio des coûts chirurgie appariée vs. endoscopie appariée était de 6.32 [IC 95 % : 6.29-6.36] (p<0,0001).

Discussion

Conclusion

La comparaison du traitement chirurgical et du traitement endoscopique des LVBP montre qu’en dépit d’un taux plus élevé de deuxième séjour hospitalier dans les 6 mois suivant le traitement initial, la mortalité précoce est plus faible en cas de traitement endoscopique. Le coût du traitement chirurgical des LVBP est 3 fois plus élevé que celui du traitement endoscopique. La même comparaison pour le traitement des tumeurs bénignes du côlon montre que les taux de second séjour hospitalier dans les 6 mois suivant le traitement initial sont identiques, mais que la mortalité précoce est plus faible en cas de traitement endoscopique. Le coût du traitement chirurgical des tumeurs bénignes du côlon est 6 fois plus élevé que celui du traitement endoscopique. Le traitement endoscopique de ces deux affections digestives bénignes semble donc plus coût efficace que le traitement chirurgical.

Remerciements

Cette étude intitulée ENDOCOST a reçu un avis favorable du CEREES le 17/01/2020 (dossier n° INDS : TPS 1028871bis) et l’autorisation de la CNIL (n°920035)