JFHOD

P.144 - Devenir des patients ayant eu une coloscopie incomplète après test immunologique fécal positif en 2018 : étude de pratique régionale (Grand Est) à propos de 312 coloscopies

V. Nardon, B. Caron, I. Gendre, M. Guerbaz, J. Lacroute, J.M. Reimund

Introduction

Le dépistage organisé du cancer colorectal (DOCCR) par le test immunologique fécal (FIT) concerne toute personne asymptomatique à risque moyen âgée de 50 à 74 ans. Ce test doit être réalisé tous les deux ans et doit mener, en cas de positivité, à la réalisation d’une coloscopie complète. En cas de coloscopie incomplète (CI) (totalité du colon, caecum inclus, non visualisée), il est recommandé de renouveler l’endoscopie ou de réaliser des examens complémentaires (EC) de seconde intention afin d’explorer les régions non visualisées. Les objectifs principaux et secondaires étaient respectivement d’évaluer les modalités de recours pour compléter les CI et leurs résultats, et de déterminer le taux de CI chez les patients ayant réalisé un FIT positif (FIT+) dans la région Grand Est sur l’année 2018.

Patients et Methodes

Analyse de toutes les coloscopies FIT+ codées incomplètes ou de statut inconnu du DOCCR dans la région Grand Est du 1er janvier au 31 décembre 2018. Pour chaque dossier, une relecture et une récupération des données manquantes auprès des gastro-entérologues et/ou médecins traitants ont été réalisées.

Résultats

En 2018, 529 coloscopies FIT+ ont été codées incomplètes ou de statut inconnu (5,0%). Après exclusion (décès, refus ou n’habitant pas à l’adresse indiquée), 486 patients étaient éligibles. 312 patients ont été inclus après récupération des données manquantes : 48,7% de femmes - âge moyen 62,9 ans ; et 51,3% d’hommes - âge moyen 64,0 ans. Le taux corrigé de CI était de 3,0%. Dans 48,4% des cas, la coloscopie était menée jusqu’au segment proximal (angle gauche - colon droit), 45,5% jusqu’au segment distal (colons gauche et sigmoïde) et 6,1% uniquement au rectum. Les causes d’exploration incomplètes étaient anatomiques (48,4%), préparation de mauvaise qualité (30,8%), obstructive (16%) et autre/inconnue (5,1%). La première CI était normale dans 41% des cas, permettait le diagnostic d’un adénocarcinome (18,3%), d’une lésion à haut risque (HR, adénome de 1 cm et plus ou dysplasie de haut grade ou composante villeuse) (10,3%), d’un adénome (9,6%), ou d’une lésion non adénomateuse (6,7%) ; soit un taux de néoplasie (adénome, HR et adénocarcinome) de 38,1%.

Lorsqu’une seconde coloscopie était réalisée (n = 135), les résultats étaient les suivants : normal (40%), adénocarcinome (2,2%), HR (17,8%), adénome (27,4%) ou lésion non adénomateuse (5,2%) ; soit un taux de néoplasie de 47,4%.Lorsqu’un coloscanner était réalisé (n = 95), les résultats étaient les suivants : normal (66,3%), épaississement colique suspect (8,4%), lésion polypoïde (6,3%), sténose suspecte (2,1%), et lésion d’allure néoplasique (1,1%).

Après exclusion des cancers invasifs (n = 57) nécessitant une prise en charge et un suivi spécifique, la population d’étude était de 255 patients, un EC était demandé dans 94,5% des cas et réalisé dans 81,2% des cas. Dans 73,3% des cas les patients ont bénéficié d’un seul type d’EC et dans 7,3% des cas de deux ou plus. Les EC réalisés étaient une coloscopie (40,8%), un coloscanner (33,7%), un scanner abdominal (6,7%), une vidéocapsule (2,7%) ou autre (2%). En cas de CI pour préparation de mauvaise qualité une coloscopie a été réalisée dans 75,3% et un coloscanner dans 19,2% des cas ; en cas de raison anatomique un coloscanner a été réalisé dans 63% et une coloscopie dans 31,9% des cas. La vidéocapsule était réalisée pour raison anatomique dans 5 cas sur 7. On observe que le taux de HR est de 18,8% quel que soit l’EC réalisé, versus 31,7% si une seconde coloscopie est réalisée (n = 104).

Discussion

Conclusion

Dans la région Grand Est en 2018, le taux de CI réalisées dans le cadre du DOCCR était inférieur à 5%. En cas de CI, un EC était réalisé dans environ 80% des cas, une HR était alors diagnostiquée chez 18% des patients. La réalisation d’une deuxième coloscopie permettait de diagnostiquer une HR chez 31% des patients, soulignant une potentielle perte de chance en cas de réalisation d’un autre EC de seconde intention.

Remerciements