C.020 - Effet antisécrétoire des thérapies ciblées orales dans les tumeurs neuroendocrines avancées fonctionnelles (étude ASSET-NET)
Introduction
Les thérapies ciblées (TC) orales, everolimus et sunitinib, ont démontré une activité antitumorale chez les patients atteints de tumeurs neuroendocrines (TNE) avancées progressives. L'objectif était de décrire l’efficacité antisécrétoire des TC chez les patients atteints de TNE fonctionnelles avancées avec syndrome sécrétoire clinique non contrôlé.
Patients et Methodes
ASSET-NET était une étude de cohorte rétrospective multicentrique nationale réalisée sous l’égide du Groupe d’étude des Tumeurs Endocrines (GTE). Etaient inclus les patients présentant une TNE avancée et recevant une TC orale (everolimus ou sunitinib) pour maladie progressive avec syndrome sécrétoire clinique incontrôlé, entre le 1er janvier 2010 et le 1er janvier 2021. Les données sur les caractéristiques de la TNE au moment de l’initiation de la TC, les toxicités, et la réponse morphologique étaient recueillies. L’évolution du syndrome sécrétoire clinique durant le traitement par TC était étudiée à la baseline, à la première réévaluation (dans les 15 jours), à un mois, et à l’aggravation des symptômes. Le critère de jugement principal était le taux de réponse clinique.
Résultats
80 patients étaient inclus, dont 61 (76.2%) avec syndrome carcinoïde (SC), 7 (8.8%) avec VIPome, 6 (7.5%) avec gastrinome, 5 (6.2%) avec sécrétion de PTHrp et un (1.2%) avec une hypersécrétion d’histamine. L’âge médian était de 61.3 ans, 60% étaient des femmes. La majorité des TNE provenaient de l’intestin moyen (62.5%), étaient G1 ou G2 (92.8%), avec au moins deux sites métastatiques (78.8%). Environ 70% des patients avaient reçu au moins deux traitements systémiques antérieurs, principalement des analogues de la somatostatine (86.3%), une (chimio)-embolisation (45.0%) ou une chimiothérapie (45.0%).
Le taux de réponse clinique était de 42.5% ; il était respectivement de 52.0% et 26.7% pour les TNE provenant de l’intestin moyen (intestin grêle, caecum) ou de l’intestin antérieur (pancréas, estomac, poumon). Le temps médian à meilleure réponse clinique était de 34 jours (18-41), et la durée médiane de réponse clinique était de 9.4 mois (3.6-20.1) et de 4 mois (2-10.8) respectivement chez les patients avec TNE de l’intestin moyen et de l’intestin antérieur. Parmi les patients avec SC traités par everolimus, la diminution du nombre de flushs par jour était statistiquement significative à la première évaluation clinique (p=0.027). Parmi les 7 patients avec VIPome, cinq ont obtenu une réponse clinique (4/4 patients avec sunitinib et 1/3 avec everolimus), soit un taux de réponse clinique de 71.4 %. La réponse clinique était significativement associée avec l’obtention d’au moins une stabilité tumorale morphologique (p<0.01). En analyse multivariée, la probabilité de contrôle clinique était plus grande chez les patients ayant une TNE de l’intestin moyen (OR 4.27, IC95% [1.2-14.8], p=0.022).
La survie sans progression médiane était de 8.3 mois (IC95% [3.1-13.5]) chez les patients sans réponse clinique, alors qu'elle était de 12.7 mois (IC95% [8.2-17.1]) chez ceux avec réponse clinique (p=0.053). Les facteurs associés à une meilleure survie sans progression étaient l’obtention d’une réponse clinique (HR 0.31 [0.16-0.61]; p=0.001) et le sexe féminin (HR 0.39 [0.20-0.74]; p=0.004). Le contrôle clinique n'était pas associé à une survie globale plus longue (HR 0.81 [0.49-1.35]; p=0.422).
Discussion
Conclusion
Une réponse clinique était obtenue chez 42.5% des patients traités par TC pour une TNE avancée progressive avec syndrome sécrétoire clinique non contrôlé. L’effet était surtout notable chez les patients avec une TNE de l’intestin moyen et chez les patients présentant un VIPome traité par sunitinib. Les TC orales semblent donc constituer des options thérapeutiques intéressantes en cas de syndrome sécrétoire clinique non contrôlé associé aux TNE avancées.
Remerciements