JFHOD

P.290 - Efficacité de la reprise des alkylants après pause thérapeutique dans les tumeurs neuroendocrines pancréatiques métastatiques

O. De Rycke, T. Walter, O. Hentic, C. Lombard-Bohas, P. Ruszniewski, J. Cros, L. de Mestier

Introduction

Les chimiothérapies associant un agent alkylant et une fluoropyrimidine tels que LV5FU2-Dacarbazine (5FU-DTIC) ou Capécitabine-Témozolomide (TMZ-CAP) ont montré une bonne efficacité pour le traitement des tumeurs neuroendocrines pancréatiques (TNEP) non résécables. Du fait de leur potentielle toxicité, notamment hématologique, ces chimiothérapies sont généralement interrompues au bout de quelques mois chez les patients en contrôle tumoral. A progression, la réintroduction de la même chimiothérapie est généralement réalisée, mais l’efficacité de cette stratégie n’a jamais été évaluée. Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer l’efficacité et la toxicité de la réintroduction du 5FU-DTIC ou du TMZ-CAP, chez des patients initialement répondeurs.

Matériels et méthodes

Étude rétrospective incluant tous les patients de deux centres experts français ayant une TNEP bien différenciée (grade 1, 2 ou 3) métastatique entre 2006 et 2019. Critères d’inclusion : traitement par chimiothérapie à base d’alkylant (TMZ, TMZ-CAP,  DTIC ou 5FU-DTIC) suivi d’une pause thérapeutique puis d’une réintroduction de chimiothérapie à base d’alkylant après progression tumorale. Critères d’exclusion : pause thérapeutique < 3 mois et/ou ayant reçu un autre traitement cytotoxique durant la pause. Les données clinico-radiologiques ont été colligées au début du traitement et à la réintroduction. La survie sans progression après 1er traitement (SSP1) et après réintroduction (SSP2) était calculée. Les variables cliniquement pertinentes associées au risque de progression tumorale après réintroduction étaient analysées dans un modèle de régression de Cox. La tolérance du traitement initial et de la réintroduction a été évaluée par le test de McNemar.

Résultats

38 patients (homme 47%) d’âge médian 62 ans (écart interquartile 25-75 [IQR], 52-67) à la première cure, ont été traités pour une TNEP ayant un Ki67 médian à 9% (IQR 5-20). La chimiothérapie initiale consistait en du TMZ, TMZ-CAP ou 5FU-DTIC chez respectivement 10, 20 et 8 patients. Quinze patients (40%) étaient naïfs de traitement systémique, 45% avaient été opérés de la tumeur primitive et 24% des métastases. Un syndrome hormonal existait chez 18% des patients et 66% avaient un performance status OMS 0. La durée médiane de la chimiothérapie initiale était de 7,1 mois (IQR 4,2-11,1), soit un nombre médian de 6.5 cures (IQR 5-9). La médiane de SSP1 était de 23,7 mois (IC95 [19,7-27,7]), la durée médiane de la pause était de 15,6 mois (IQR 7-24). 36% des patients ont reçu un traitement non cytotoxique durant cette pause (analogues de la somatostatine, chirurgie et/ou radiofréquence). A la réintroduction, les patients ont reçu en médiane 4 cures (IQR 3-6). La réintroduction a été interrompue pour 2 patients pour toxicité. Aucune différence de toxicité n’a été mise en évidence entre les deux séquences thérapeutiques.

Les taux de réponse tumorale, de stabilisation et de progression étaient respectivement de 60%, 40% et 0% lors du traitement initial, et de 0%, 61% et 39% lors de la réintroduction. La médiane de SSP2 était de 7,8 mois (IC95 [2,8-12,8]). En analyse multivariée, une durée de pause supérieure 12 mois (HR 0,42 IC95 [0,19 ; 0,90] p=0,025) et l’existence d’un syndrome hormonal (HR 0,33 IC95 [0,12;0,92] p=0,034) étaient associés à une réduction du risque de progression après réintroduction. A l’inverse, avoir reçu plus de 12 cures lors du traitement initial était associé à une SSP2 plus courte (HR 1,08 IC95 [0,99 ; 1,17] p=0,088). 

Discussion

Conclusion

Bien que les alkylants paraissent moins efficaces à la réintroduction après une pause thérapeutique chez les patients ayant une TNEP avancée, ils permettent de prolonger la SSP en cas de pause > 12 mois et/ou de syndrome hormonal. La tolérance des alkylants à la réintroduction n’est pas différente de celle du traitement initial.

Remerciements