C.122 - Efficacité et sécurité du traitement par cellules souches mésenchymateuses hématopoïétiques dans les lésions ano-périnéales de maladie de Crohn : résultats d’une étude prospective monocentrique
Introduction
Introduction: Les lésions ano-périnéales touchent 25 à 30% des patients souffrant de maladie de Crohn au cours son évolution. Il s’agit de lésions généralement réfractaires aux traitements conventionnels et aux biologiques, soit en raison de processus inflammatoires pelviens persistants contribuant à la progression des lésions tissulaires, soit à des surinfections répétées locales. Des études récentes ont démontré l’efficacité de l’injection de cellules souches mésenchymateuses dérivées de tissu adipeux pour le traitement des fistules ano-périnéales avec des taux de fermeture de plus de 50% à un an, le tout associé à une excellente tolérance. Ce traitement n’est malheureusement pas disponible en routine. L’objectif primaire de cette étude était d’évaluer la faisabilité et la sécurité de l’injection de cellules souches mésenchymateuses hématopoïétiques isolées dans le laboratoire de thérapie cellulaire et génique du CHU du Liège pour le traitement des fistules ano-périnéales de la maladie de Crohn. Les objectifs secondaires étaient d’étudier l’efficacité du traitement et son impact sur la qualité de vie à la semaine 12 et 48 post-traitement.
Patients et Methodes
Une étude prospective observationnelle a été réalisée au CHU de Liège d’octobre 2019 à octobre 2021. Tous les patients de plus de 18 ans présentant une maladie de Crohn périnéale avec seton en place depuis minimum 6 semaines étaient éligibles pour l’inclusion. Un abcès périanal non drainé était un critère d’exclusion. Les cellules souches hématopoïétiques ont été isolées du sang périphérique de donneurs sains dans le laboratoire de thérapie cellulaire et génétique du CHU de Liège. Une dose de 3X10 cellules souches a été administrées par un chirurgien colo-rectal spécialisé en maladie inflammatoire intestinale, la moitié de la dose étant administrée via l’orifice interne et l’autre moitié via l’orifice externe de la fistule. L’orifice interne a été suturé. Une rectoscopie et une RMN pelvienne ont été réalisées dans les 6 semaines précédant l’injection des cellules souches. Une évaluation du CDAI, des PRO, de la CRP, de la calprotectine, de la qualité de vie (Short Health Scale, SHS) ainsi qu’un examen clinique ont été réalisés aux semaines 0, 4, 12, 24, 36 et 48 post-traitement. Une RMN de suivi a été réalisée aux semaines 12 et 48. Le score d’activité périnéale (PDAI) a été évalué à l’inclusion et à la semaine 48. L’efficacité était définie par l’absence d’orifice externe visible associée à l’absence d’écoulement à la pression digitale et sans abcès à la RMN.
Résultats
Seize patients ont été inclus sur 18 patients screenés (1 échec d’inclusion pour cause de récidive d’abcès la veille du traitement et un échec de repérage du trajet fistuleux). Cinquante % des patients étaient des hommes. L’âge médian était de 49 ans. La durée médiane de la maladie anale était de 8 ans ± ans. Six et 10 patients sur seize présentaient respectivement 2 et 1 orifice externe(s) à l’inclusion. Le seton était en place depuis une médiane de 16 mois avant le traitement par cellules souches. Onze patients (69 %) étaient sous anti-TNF dont 4 en traitement optimisé et 1 en combothérapie avec une purine. Le CDAI et le PDAI médians à l’inclusion étaient de 97,5 ± 48,8 et 5 ± 4,4 respectivement. Quatre patients (25%) ont rapporté des effets secondaires la semaine suivant le traitement (douleurs locales : 3/16 ; saignement léger : 1/16). Aux semaines 12 et 48, respectivement 10/16 (63%) et 8/16 (50%) des patients présentaient une fermeture complète de tous les orifices fistuleux externes. Dans le sous-groupe des 6 patients porteurs de 2 orifices externes à l’inclusion, seul un patient n’a fermé aucun des 2 orifices à la semaine 12 tandis que chez la moitié des patients, un orifice sur 2 était fermé et chez un tiers des patients, les 2 orifices étaient fermés. Un patient a récidivé un abcès anal durant le suivi et a nécessité un drainage avec mise en place de seton. Aucune autre récidive d’abcès n’a été objectivée durant le suivi. L’activité de la maladie luminale reflétée par le CDAI et les PRO est restée basse au cours du suivi: CDAI médian=76,2 ; PRO selles=2,5 ; PRO douleurs=0,6 à la semaine 48. Le score d’activité périnéale (PDAI) médian était numériquement inférieur à la semaine 48 par rapport à l’inclusion (3 vs 5). On note une régression progressive du SHS de 10 à l’inclusion à 9,5 et 7,5 aux semaines 12 et 48 respectivement.
Discussion
Conclusion
Le traitement des fistules ano-périnéales de la maladie de Crohn par injection de cellules souches hématopoïétiques produites localement dans un laboratoire spécialisé est faisable et sure. L’efficacité clinique est similaire à celle décrite dans les études de référence avec 50% de fermeture à un an. Elle est associée à une amélioration de la qualité de vie et des scores d’activité périnéale.
Remerciements