C.123 - Efficacité et tolérance du védolizumab chez les patients présentant une pochite chronique active réfractaire à un traitement anti-TNFα : résultats d’une étude rétrospective multicentrique
Introduction
La coloproctectomie totale avec anastomose iléo-anale (AIA) représente l’intervention de choix chez les patients atteints de rectocolite hémorragique (RCH) résistante aux traitements. Elle est le plus souvent curative, mais peut se compliquer de pochite dans 30% des cas, qui se chronicise chez 10% des patients. Son traitement n’est pas codifié après échec des traitements conventionnels et d‘une première ligne de biothérapie par anti-TNF. L’objectif de notre étude était de déterminer l’efficacité et la tolérance du vedolizumab (VDZ) chez les patients présentant une pochite chronique réfractaire aux anti-TNF.
Patients et Methodes
Il s’agissait d’une étude rétrospective, multicentrique, réalisée dans 16 centres hospitaliers français et un centre hospitalier belge. Les patients ont été sélectionnés de juillet 2019 à janvier 2021. Tous les patients présentaient une pochite chronique en échec d’une première ligne de traitement par anti-TNF alpha. Nous avons étudié les caractéristiques cliniques, endoscopiques et biologiques à l’initiation du traitement par VDZ, à la semaine 10 ainsi qu’à la semaine 52. L’objectif principal de l’étude était d’évaluer la réponse clinique (amélioration ≥ 50% de la féquence des selles et des rectorragies) à la semaine 52. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la réponse et la rémission (absence de symptôme) clinique à la semaine 10, la réponse (amélioration ≥ 50% des lésions endoscopiques) et la rémission (cicatrisation muqueuse) endoscopique aux semaines 10 et 52. Les effets indésirables étaient également recueillis.
Résultats
Quarante-neuf patients ont été inclus dans l’étude (23 femmes, 26 hommes, âge moyen 48 ans). La majorité étaient non-fumeurs (91 %) et avaient uniquement une atteinte digestive (80 %). Le délai médian entre la chirurgie et le diagnostic de pochite chronique était de 2 ans (0-18). Tous avaient bénéficié d’un traitement par anti-TNF alpha, 50 % par azathioprine et 24 % par méthotrexate. Trente et un patients (63 %) n’avaient reçu qu’une ligne de biothérapie.
Quarante-quatre (90 %) patients ont bénéficié d’une évaluation endoscopique avant initiation du VDZ, puis 25 (51 %) patients aux semaines 10 et 52. La CRP étaient évaluée chez tous les patients à l’initiation du traitement, puis chez 43 (88 %) patients à la semaine 10 et 33 (67 %) patients à la semaine 52.
A la semaine 10, 17 (34 %) patients étaient en réponse clinique sans corticoïdes, dont 3 (6 %) en rémission ; au niveau endoscopique (parmi les 25 patients évalués), 5 (20 %) étaient en réponse et 11 (44 %) en rémission.
A la semaine 52, 22 (44 %) patients étaient en réponse clinique dont 12 (24%) en rémission ; au niveau endoscopique (parmi les 25 patients évalués), 15 (60 %) étaient en réponse et 5 (20 %) en rémission. D’un point de vue biologique, même s’il existait une tendance à la baisse de la CRP durant le suivi (17,3 mg/L à l’inclusion vs 7,9 mg/L à la semaine 52) dans le groupe des patients répondeurs, il n’y avait pas de différence significative entre ce sous-groupe et les patients non répondeurs à la semaine 52. Huit patients (16%) présentaient des effets indésirables, conduisant à l’arrêt du traitement chez trois d’entre eux (une hépatite auto-immune, une alopécie et une réaction allergique à la perfusion).
L’optimisation du VDZ à la semaine 10 était le seul facteur prédictif de non réponse à la semaine 52 : 40% dans le groupe des non répondeurs vs 8% dans le groupe des répondeurs (p=0,05).
Durant le suivi, aucun patient n’a été perdu de vue. L’arrêt du VDZ concernait les patients présentant une non réponse primaire, une perte de réponse secondaire ou un problème de tolérance. L’optimisation du vedolizumab n’était pas considérée comme un échec. A 1 an, 69 % des patients poursuivaient le traitement (figure)
Discussion
Conclusion
Ce travail multicentrique rétrospectif français montre que le VDZ est est une option thérapeutique à envisager dans le traitement de la pochite chronique réfractaire aux anti-TNF alpha.
Des études prospectives de plus grande envergure sont nécessaires, en particulier en première ligne de biothérapie, afin d’évaluer son efficacité et sa sécurité d’emploi par rapport aux autres classes de médicaments.
Remerciements