P.275 - Efficacité et tolérance d’une tri-chimiothérapie par FOLFIRINOX dans le cancer du pancréas chez les sujets âgés
Introduction
L’incidence de l’adénocarcinome du pancréas augmente avec l’âge. Il existe actuellement très peu de données sur l’administration d’une tri-chimiothérapie par FOLFIRINOX chez le sujet âgé atteint de cancer du pancréas, qui est pourtant le traitement qui a montré la meilleure efficacité en terme d’allongement de la survie.
L’objectif de notre étude était d’évaluer l’efficacité et la tolérance du FOLFIRINOX, chez des patients atteints de cancer du pancréas et âgés de plus de 70 ans.
Patients et Methodes
Dans cette étude rétrospective bi-centrique, nous avons inclus des patients avec un diagnostic d’adénocarcinome pancréatique, prouvé histologiquement, localement évolués ou métastatiques et traités par FOLFIRINOX, entre 2012 et 2018.Les patients étaient séparés en trois groupes en fonction de l’âge : patients âgés de 70 ans et plus, patients de 65 à 70 ans, et patients de moins de 65 ans. Pour l’analyse de survie, ils étaient également séparés en deux groupes en fonction du stade de la maladie : tumeur métastatique avec chimiothérapie palliative par FOLFIRINOX et tumeur localement évoluée avec FOLFIRINOX en chimiothérapie d’induction. Le critère de jugement principal pour le groupe de patients métastatiques était la survie globale en fonction de l’âge. Pour les patients présentant une tumeur localement évoluée, le critère de jugement principal était le nombre de patients qui terminaient la séquence thérapeutique de traitement par FOLFIRINOX, en fonction de l’âge. Une analyse univariée et multivariée des facteurs prédictifs de survie a été réalisée.
Résultats
Deux cent dix-sept patients ont été inclus : 80 patients avaient 70 ans et plus, 53 patients avaient entre 65 et 70 ans, et 84 patients avaient moins de 65 ans. Il s’agissait de patients en bon état général, majoritairement OMS 0 ou 1.Soixante-douze pour cent des patients ont eu une réduction de doses dès la 1èrecure dans le groupe ³70 ans, 68% dans le groupe des 65-70 ans et 55% dans le groupe des moins de 65 ans (p = 0,05).
Il y a eu environ 15% de toxicités hématologiques grade 3-4 et 30% de toxicités cliniques grade 3-4 dans les trois groupes, sans différence en fonction de l’âge. Il y avait plus de neurotoxicité dans le groupe des patients plus jeunes, qui étaient également les plus exposés à l’oxaliplatine.
Quatre-vingt-douze pour cent des patients de plus de 70 ans ont reçu un facteur de croissance granulocytaire en prévention primaire, et 96% dans les deux autres groupes.
Il y a eu peu de complications septiques, quel que soit l’âge : 4% de sepsis grade 3 dans le groupe ³70 ans, contre 13% dans le groupe 65-70 ans et 8% dans le groupe < 65 ans (p = 0,13). Un patient est décédé d’un choc septique en cours de traitement dans le groupe des moins de 65 ans.
Parmi les 133 patients présentant une tumeur métastatique, la médiane de survie globale était de 12,9 mois dans le groupe de patients âgés de plus de 70 ans, de 11,8 mois dans le groupe des 65-70 ans et de 9,8 mois dans le groupe des moins de 65 ans. La différence n’est pas statistiquement significative entre les trois groupes. Pour les patients présentant une tumeur localement évoluée, dans le groupe d’âge ≥ 70 ans, 68% des patients ont terminé la séquence thérapeutique prévue. Ils étaient 82% dans le groupe 65-70 ans et 72% dans le groupe d’âge < 65 ans à terminer le traitement. La différence n’était pas significative.
Les facteurs prédictifs d’une amélioration de la survie dans notre étude étaient l’âge avancé, la neurotoxicité à l’oxaliplatine (HR = 0,36 [IC 95% : 0,23 – 0,56], p < 0,0001) et la toxicité hématologique (HR = 0,30 [IC 95% : 0,12 – 0,80], p < 0,015).
Discussion
Conclusion
Notre étude a montré que des patients âgés de plus de 70 ans, atteints de cancer du pancréas, en bon état général et traités par FOLFIRINOX présentent une survie similaire aux patients plus jeunes, avec un profil de tolérance du traitement équivalent.
Remerciements