C.078 - Élastographie par résonance magnétique pour évaluer la fibrose dans la maladie de Crohn : une étude pilote
Introduction
Les patients atteints de maladie de Crohn peuvent développer des sténoses intestinales, contenant divers degrés d'inflammation et de fibrose. En pratique clinique, ces deux types de lésions sont souvent associés, et la quantification de chaque composante en imagerie reste un défi. La différenciation de la composante principale d'une lésion sténosante est la clé pour définir la prise en charge thérapeutique. L'élastographie par résonance magnétique est une technique d'évaluation de la rigidité des tissus. Elle est validée pour l'estimation du degré de fibrose hépatique, au même titre que l'échographie. Nous avons évalué pour la première fois la précision de l'élastographie par résonance magnétique pour détecter la fibrose intestinale et prédire l'évolution clinique chez les patients atteints d’une maladie de Crohn.
Patients et Methodes
Il s'agissait d'une étude prospective, monocentrique, portant sur des patients adultes présentant une maladie de Crohn et ayant bénéficié d’un examen d'imagerie par résonance magnétique, notamment une élastographie par résonance magnétique, entre avril 2019 et février 2020. Tous les patients ont été suivis pendant 450 jours après l'examen. La survenue d'événements en lien avec la maladie de Crohn au cours du suivi a été recueillie : chirurgie, hospitalisation ou consultation aux urgences pour douleurs abdominales ou syndrome occlusif. L'association entre la valeur de la rigidité intestinale et le degré de fibrose a été évaluée. Une échelle visuelle analogique (EVA) de 0 à 9 était attribuée en fonction de l'aspect de l'imagerie, correspondant au degré de fibrose estimé par le radiologue. La rigidité du segment digestif pathologique a été mesurée indépendamment par un autre radiologue. La relation entre la valeur de rigidité et la survenue d'événements cliniques a également été étudiée.
Résultats
Un total de 69 patients a été inclus. Parmi eux, 30 étaient des hommes (43 %). L'âge médian à l'inclusion était de 38 [28,5-47,5] ans. L'âge au moment du diagnostic était de 23 [17,5-28,5] ans, et la durée d’évolution de la maladie était de 10 [4-16] ans. Pour 37 patients, la maladie était limitée à l'iléon (53,6 %). Trente-deux patients présentaient une atteinte iléocolique (46,4 %). Trente-quatre patients (49,3 %) avaient déjà subi une chirurgie abdominale. Vingt-sept patients (39,1 %) avaient un score de fibrose de 0 selon l'EVA, la valeur médiane de la rigidité était de 1,7 [1,41-2,22] kPa. Douze patients (17,4 %) présentaient une fibrose légère (score de fibrose : 1 à 3), la valeur médiane de la rigidité était de 2,47 [1,88-2,60] kPa. Douze patients (17,4 %) présentaient une fibrose modérée (score de fibrose : 4 à 6), la valeur médiane de la rigidité était de 3,34 [2,67-4,29] kPa. Dix-huit patients (26,1 %) présentaient une fibrose sévère (score de fibrose : 7 à 9), et la valeur médiane de la rigidité était de 3,68 [3,0-4,22] kPa. La valeur de la rigidité mesurée par élastographie par résonance magnétique était corrélée au degré de fibrose (p<0,001).
Au cours du suivi, 11 patients ont présenté un événement clinique : 2 patients ont consulté aux urgences pour des douleurs abdominales, 3 patients ont dû être hospitalisés et 6 ont nécessité une résection intestinale. Une rigidité intestinale ≥3,57 kPa permettait de prédire la survenue d'événements cliniques avec une aire sous la courbe de 0,82 (Intervalle de Confiance 95 % 0,71-0,93), une sensibilité de 81 %, une spécificité de 82 %, une valeur prédictive positive de 45 % et une valeur prédictive négative de 96 %. La rigidité intestinale ≥3,57 kPa était associée à un risque accru d'événements cliniques (45 % dans le groupe avec une rigidité intestinale ≥3,57 kPa contre 4,1 % dans le groupe avec une rigidité intestinale <3,57 kPa, p<0,0001).
Discussion
Conclusion
Dans la maladie de Crohn, l'élastographie par résonance magnétique semble être une technique réalisable pour la quantification de la fibrose. Cette technique est non invasive, non irradiante, et pourrait permettre de prédire une évolution clinique défavorable chez les patients atteints de maladie de Crohn. La validation dans des essais prospectifs est nécessaire pour confirmer ces résultats.
Remerciements