P.008 - Etat des lieux des pratiques de prise en charge des cancers des voies biliaires (CVB) en France : résultats de l’enquête nationale ACABi
Introduction
Les CVB sont des tumeurs rares dont le pronostic est sombre. Leur prise en charge est pluridisciplinaire et a évolué ces dernières années avec l’avènement de nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques. Du fait d'une absence de consensus dans certaines situations cliniques, d'une disparité de diffusion des évolutions récentes et d'accès à certaines techniques, les modalités de prise en charge des CVB en France peuvent différer selon les centres. Dans ce contexte, l'Association pour l’étude des Cancers et Affections des voies Biliaires (ACABi) a proposé de mener une enquête nationale sur les pratiques de prise en charge des CVB en France.
Matériels et méthodes
Un questionnaire a été développé par un groupe de travail constitué d’hépato-gastroentérologues (HGE), d’oncologues, et de chirurgiens. Il comprenait 47 questions réparties en 8 sections : démographie, bilan initial, réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), prise en charge chirurgicale et péri-opératoire, traitements loco-régionaux, traitements systémiques, profil moléculaire/essais cliniques, et soins de supports. Il a été diffusé par mail sur une période de 2 mois (juin-juillet 2021) par les sociétés savantes (GERCOR, FFCD, UCGI, AFEF, SFED, ANGH, ACHBT). Les données ont été analysées en 2 groupes selon le type de centre : centre hospitalo-universitaire ou centre de lutte contre le cancer (CHU/CLCC) ou structure privée ou centre hospitalier général (privé/CHG).
Résultats
Un total de 172 médecins ont répondu au questionnaire dont 169 ont été retenus pour l’analyse (information sur le type de centre disponible). Les répondants étaient HGE (58%), oncologues (20%) et chirurgiens (18%, dont une majorité exerçait en CHU). Toutes les régions françaises étaient représentées, sans différence entre les 2 groupes. La majorité des praticiens en CHU/CLCC estimait leur volume d’activité entre 10 et 50 CVB par an (supérieur à 50 pour 22%) contre 5 à 20 patients en centre privé/CHG. Les patients étaient pris en charge de façon équilibrée entre services d’HGE ou d’oncologie. L’accès à l’écho-endoscopie et à la CPRE ne différait pas entre les deux groupes (> 80% pour les 2 techniques), en revanche l’accès à la cholangioscopie était différente (85% en CHU/CLCC contre 63% en centre privé/CHG). 40% des CHU/CLCC avaient une RCP dédiée aux tumeurs hépatobiliaires contre seulement 12% des centres privés/CHG. En situation adjuvante, la capécitabine était proposée majoritairement (> 65%) dans les 2 groupes. Pour les tumeurs non opérables, la chimiothérapie de 1ère ligne la plus utilisée était le CISGEM (cisplatine/gemcitabine, 66%). Ce traitement était réalisé jusqu’à progression pour 56% des répondants, ou pour un nombre fixe de cures suivi d’une maintenance pour 29%, sans différence selon le type de centre ; seulement 14% proposaient une pause. Chez 40%, le CISGEM n’était pas réalisé en hôpital de jour mais en hospitalisation ou avec l’intervention d’un prestataire au domicile pour une hydratation. Le traitement de 2ème ligne le plus utilisé était le FOLFOX (5FU/oxaliplatine, 52%). Le profilage moléculaire était réalisé chez plus de la moitié des patients pour 40% des répondants en CHU/CLCC et 18% en centre privé/CHG. Il était réalisé avant ou pendant la 1ère ligne de traitement par 68% des répondants. La majorité des répondants estimaient que moins de 30% de leurs patients étaient pris en charge par soins de support exclusifs d’emblée.
Discussion
Cette enquête nationale révèle des disparités de pratiques entre CHU/CLCC et centres privés/CHG, notamment pour l’accès à la cholangioscopie, aux RCP spécialisées, et la réalisation des profils moléculaires. Elle montre également l’application des standards adjuvants et métastatiques dans la majorité des centres, mais avec des pratiques divergentes des recommandations notamment pour l’administration du CISGEM.
Conclusion
Ces résultats serviront de base de réflexion pour des réunions régionales d’organisation du parcours de soins des patients atteints de CVB, sous l’égide de l’association ACABi.
Remerciements
ACABi, GERCOR, FFCD, UCGI, AFEF, SFED, ANGH, ACHBT.