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C.109 - Etiologie et survie des patients atteints d'un carcinome hépatocellulaire traités par sorafénib, en France, au cours de la période 2009-2018 : analyse des informations du Système National de Données de Santé

J.P. Bronowicki, J. Dupin, A. Tanang, A. Gilbert-Marceau, J.F. Blanc, P. Nahon, C. Laurendeau, S. Bouee, M. Gilberg

Introduction

Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est le cancer primitif du foie le plus fréquent chez l’adulte et la cause de décès la plus fréquente chez les personnes atteintes de cirrhose. Le CHC est souvent diagnostiqué à un stade avancé de la maladie et de mauvais pronostic. Jusqu’en 2017, sorafénib était le seul traitement systémique indiqué dans le CHC avancé.

Les objectifs de cette étude étaient de décrire le profil et d’estimer la survie globale des patients atteints d’un CHC et traités par sorafénib en France. 

Patients et Methodes

Cette étude a été réalisée à partir du Système National des Données de Santé (SNDS), une base de données médico-administratives qui couvre la quasi-totalité de la population française.

Les patients répondant aux 2 critères suivants ont été sélectionnés dans la base :

-          Patients atteints d’un CHC sur la période 2009-2018 (code CIM-10 C220) au cours d’une hospitalisation ou comme motif d’affection de longue durée,

-          Présence d’au moins une délivrance de sorafénib.

Les étiologies du CHC (hépatites B et C, maladie alcoolique et NASH/NAFLD) ont été recherchées à l’aide des codes CIM-10 ou des codes ATC des traitements spécifiques.

La survie globale des patients a été définie comme le délai entre l’initiation du sorafénib et le décès; et les données sont censurées au 31/12/2018 ou à la date de dernière consommation de soins.

Résultats

Entre le 1/1/2009 et le 31/12/2018, 17 680 patients CHC ont initié un traitement par sorafénib. Leur âge moyen était de 66,9 ans et 87,6 % étaient des hommes.

L’étiologie de la maladie hépatique était d’origine, alcoolique chez 54.8% des patients, virale chez 24.4% des patients (hépatite C : 17.1%, hépatite C : 4.9%, co-infection B/C : 2.5%). 7.0% des patients souffraient de NASH/NAFLD. Une étiologie mixte alcool/hépatite virale était observée chez 9.9% des patients. L’étiologie n’a pas pu être identifiée chez 28.4 % des patients.

Au cours de la période d’étude, la part de NASH/NAFLD a augmenté passant de 3,5% en 2009 à 10,5% en 2017. A l’inverse, celle des maladies alcooliques ou associées à une hépatite B a diminué de 55,0% à 49,9% pour l’alcool et de 8,6% à 6,5% pour l’hépatite B.

La médiane de la survie globale à partir de l’initiation du traitement par sorafénib a été estimée à 8,4 mois (IC95%=[8,2 ; 8,7]). Cette survie médiane est rapportée dans le tableau ci-dessous selon l’étiologie de la maladie hépatique.

La médiane de la survie globale a continuellement diminué sur la période étudiée, passant de 10 mois en 2009 à 7.3 mois en 2018.

 

Discussion

Cette étude réalisée à partir du SNDS porte sur l’ensemble des sujets traités en France par sorafénib et ne comporte donc pas de biais d’échantillonnage. La survie globale estimée ici est inférieure à celle de l’essai clinique SHARP (10,7 mois) ([1]) et des bras sorafénib des études récentes, dont IMbrave-150 (13,2 mois)([2]). Cette différence, tout comme la diminution de l’évolution de la survie globale observée ces 10 dernières années, sont probablement liées aux différences de caractéristiques liées à la sélection des patients (patients traités ayant une maladie plus avancée), ou encore à une initiation plus tardive de Sorafénib dans le parcours thérapeutique. Par ailleurs dans une autre étude réalisée en Asie la survie médiane était de 6,5 mois ([3]). Dans une méta-analyse portant sur 30 études cliniques et observationnelles, la survie globale était de 7,2 mois ([4]) proche de la médiane observée en 2018 dans notre étude.

 

 

Conclusion

Malgré une évolution au cours de ces 10 dernières années et l’augmentation de la NASH/NAFLD, les étiologies alcooliques et virales, simples ou combinées, demeurent les plus fréquentes du CHC en France. Le CHC avancé est une pathologie grave avec une survie modeste quel que soit l'étiologie. Une prise en charge plus précoce et adaptée aux profils des patients, ainsi que l'arrivée de nouveaux traitements tel que l’immunothérapie permettra d’améliorer le pronostic des patients.

Remerciements