JFHOD

C.098 - Etude comparative de la fréquence des hépatites B et C chez les personnes nouvellement diagnostiquées pour carcinome hépatocellulaire en France métropolitaine et dans les départements et régions d’Outre-mer, 2015-2019

M. Gelu-Simeon, Y.C. Kudjawu, A. Etienne, E. Chirpaz, P. Mwamba-Kalambayi, L. Cuissard, J. Deloumeaux, M. Imounga, F. Assogba, C. Joachim

Introduction

Le carcinome hépatocellulaire (CHC) représente une cause majeure de mortalité dans le monde. Les hépatites virales chroniques B (VHB) et C (VHC) font partie de ses principaux facteurs de risque. En France métropolitaine environ 25% des CHC sont imputables aux hépatites virales, associées ou non à d’autres causes. Les informations sur l’importance de ce lien sont rares  dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM).

L’objectif de l’étude était de mesurer la fréquence des hépatites virales chroniques chez les patients nouvellement diagnostiqués et hospitalisés pour CHC dans les DROM entre 2015-2019 et de la comparer à celle de la métropole.

Patients et Methodes

Les données du SNDS notamment du PMSI, des affections de longue durée (ALD), de Pharmacie et de Biologie de 2005 à 2019 ont été utilisées.

Les informations des patients nouvellement diagnostiqués pour CHC en 2015-2019 sélectionnés à l’aide de codes CIM10 dans le PMSI, et des patients diagnostiqués pour VHB ou VHC sélectionnés dans les bases PMSI et ALD (code CIM10), Biologie (codes NABM de dosage de charge virale et de génotypage) et Pharmacie (code CIP/UCD de médicaments antiviraux traceurs) entre 2005 et 2019, ont été chaînées et appariées à l’aide de l’identifiant individuel anonyme commun.

La fréquence et les taux d’incidence standardisés sur la population monde 2000 des patients CHC avec hépatites virales ont été calculés.

Résultats

Sur la période 2015-2019, 28 868 patients nouvellement diagnostiqués et hospitalisés pour CHC, parmi lesquels 98,9% résidaient en Métropole, ont été sélectionnés. Les patients étaient plus jeunes dans les DROM (64,5 ans, écart-type = 13,8) qu’en Métropole (69,1 ans, écart-type = 11,3) (p<0,001).

Les patients résidant dans les DROM présentaient plus fréquemment un CHC avec hépatite virale (44,2%) que ceux résidant en Métropole (29,1%) (p<0,001) : un diagnostic de VHB était plus fréquemment observé chez les patients des DROM (26,6%) que de Métropole (9,6%) (p<0,001) tandis qu’il n’y avait pas de différence significative pour le diagnostic de VHC  (17,6% et 19,5% respectivement, p=0,4).

L’âge moyen au diagnostic de CHC avec VHB était plus élevé chez les patients résidant en Métropole (62,3 ans, écart-type = 12,5) que ceux des DROM (56,5, écart-type = 14,1) (p<0,001), tandis qu’il n’y avait pas de différence significative pour l’âge au diagnostic de CHC avec VHC (65,2 ans, écart-type = 11,4 en Métropole et 63,9 ans, écart-type = 12,3 dans les DROM, p=0,4).

Sur la période 2015-2019, les Taux d’incidence standardisés monde (TISM) de CHC étaient de 4,8/100 000 personnes-années (PA) en Métropole et de 2,28/100 000 PA dans les DROM.

Les TISM de CHC avec VHB étaient de 0,54/100 000 PA en Métropole et de 0,64/100 000 PA dans les DROM. Ils étaient similaires chez les hommes en Métropole et dans les DROM (0,98/100 000 PA et 1,12/100 000 PA respectivement) tandis que chez les femmes ils étaient presque deux fois plus élevés dans les DROM qu’en Métropole.

Pour les CHC avec VHC, les TISM étaient 2,5 fois plus élevé en Métropole (1,02/100 000 PA) que dans les DROM (0,38/100 000 PA). Ils étaient trois fois et 1,5 fois plus élevés en Métropole que dans les DROM respectivement chez les hommes et chez les femmes.

Discussion

La méconnaissance des hépatites virales [1], la couverture vaccinale insuffisante à l’introduction du vaccin anti-VHB et le phénomène migratoire pourraient expliquer la prédominance des VHB chez les patients avec CHC dans les DROM par rapport à la Métropole.

La différence d’âge au diagnostic de CHC avec VHB observée entre Métropole et DROM pourrait s’expliquer par les modes de contamination du virus, plutôt materno-fœtale et donc précoce, favorisé par l’immigration persistante à Mayotte et Guyane et plutôt sexuel et sanguin, donc plus tardif, en Métropole.

Conclusion

L’incidence du CHC est deux fois moins élevée dans les DROM qu’en Métropole, mais participation des hépatites virales au diagnostic de CHC est une fois et demie plus importante dans les DROM qu’en Métropole. D’où l’importance de renforcer les mesures de prévention par l’information sur les hépatites virales dans les DROM.

Remerciements