P.033 - Etude de l'impact de la crise sanitaire Covid-19 sur le diagnostic et la prise en charge du cancer colorectal dans les hôpitaux généraux français en 2020 : ETICC
Introduction
La pandémie COVID-19 a entraîné une perturbation majeure du système de santé, et notamment des activités de dépistage des cancers. Dans le cas du cancer colorectal (CCR), plusieurs études européennes ont démontré, au printemps 2020, une baisse drastique des endoscopies de dépistage, du nombre de cancers diagnostiqués, ainsi que du nombre de chirurgie pour cancer. Les conséquences à moyen terme, notamment sur le stade des cancers diagnostiqués, ne sont pas encore connues. Le but de cette étude est d’évaluer l’impact de la pandémie sur le diagnostic et la prise en charge du CCR dans les hôpitaux généraux français en 2020/2021. L’objectif principal est de comparer le nombre de nouveaux cas et leur stade au diagnostic pendant une année de pandémie versus une année « témoin », l’année 2019. L’objectif secondaire est d’identifier si il y a eu une augmentation des délais de prise en charge à toutes les étapes du parcours de soin des patients. Nous présentons ici les résultats préliminaires de l’étude ETICC.
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude mutlicentrique rétrospective. Ont été inclus de manière exhaustive tous les nouveaux cas de patients atteints de CCR pendant l’année 2019 d’une part, et pendant une année de pandémie COVID-19 d’autre part (1er mars 2020 au 28 février 2021). Les données ont été recueillies au moyen d’un e-CRF : caractéristiques du patient, de la tumeur et dates des différentes étapes de la prise en charge. Comparaison des deux périodes « Témoin » et « COVID » au moyen de tests statistiques : le test t pour égalité des moyennes pour la comparaison des variables quantitatives , le test du khi² pour la comparaison des variables qualitatives.
Résultats
763 patients ont été inclus, provenant de 8 centres. 377 cas de CCR ont été diagnostiqués pendant la période COVID (Cas) et 386 en 2019 (Témoins). L’âge moyen était de 71 ans dans les 2 groupes. Le pourcentage de patients symptomatiques au diagnostic était comparable (78% chez les témoins, 74% chez les cas, p=0.198), ainsi que la proportion de patients diagnostiqués après un passage aux urgences (47% chez les témoins, 45% chez les cas, p=0.187). Il n’y avait pas de différence significative de stade TNM au diagnostic, notamment pas plus de tumeurs d’emblée métastatiques pendant la pandémie (29% dans les 2 groupes, p=0.087). Les médecins investigateurs ont estimé que 9% des témoins et 24% des cas avaient subit un retard évident de prise en charge, et cette différence était significative (OR=3.1 [2.0-4.7], p<0.005). Néanmoins, l’ampleur de ce retard était faible puisqu’ aucun délai de prise en charge n’a été significativement allongé pendant la pandémie: le délai moyen entre le 1er symptôme et la 1ère consultation médicale était de 42j chez les témoins, 41j chez les cas (p=0.729) ; le délai moyen entre la 1ère consultation et la date du diagnostic histologique était de 39j chez les témoins, 41j chez les cas (p=0.284) ; le délai moyen entre la chirurgie curative et la chimiothérapie adjuvante lorsqu’elle était indiquée était de 51j chez les témoins, 40j chez les cas (p=0.174). Enfin, le délai moyen entre le diagnostic histologique et le 1er acte thérapeutique (soit : la chirurgie pour les CCR localisés, la chimiothérapie de 1ère ligne pour les CCR métastatiques, le traitement néoadjuvant pour les cancers du rectum) était même légèrement plus court chez les cas (29j) que chez les témoins (36j), p=0.047.
Discussion
Conclusion
Dans ce travail préliminaire, nous n’avons pas montré d’impact de la pandémie COVID-19 sur le nombre et la gravité des cas de CCR diagnostiqués. Il n’y avait pas d’augmentation des délais de prise en charge à la phase initiale de la maladie, pendant la période de pandémie.
Il s’agit de résultats préliminaires qui devront être consolidés par de plus grands effectifs. Ces premiers résultats sont rassurants, et tendent à montrer que le système de santé français a su rapidement compenser l’arrêt temporaire des activités de dépistage du printemps 2020, et poursuivre efficacement la prise en charge du CCR, pendant cette période de crise sanitaire.
Remerciements