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P129 - Evolution de la prévalence de la dénutrition et de sa prise en charge chez malades atteints de cancer en France

Hébuterne Xavier, Gyan Emmanuel, Lacau Saint Guily Jean, Goldwasser François, Raynard Bruno

Introduction

En 2005, l'étude Nutricancer 1 (N1) avait montré qu'au cours du cancer la dénutrition était fréquente et que sa prise en charge était insuffisante. Le but de cette étude a été de comparer la prévalence de la dénutrition et sa prise en charge observée au cours de l'enquête Nutricancer 2 (N2) avec celle de N1.

Patients et Méthodes

Deux enquêtes un jour donné ont été réalisées le 15/11/05 (N1) et le 9/10/12 (N2) dans respectivement 154 unités de 24 villes et 283 unités de 30 villes en France. Les caractéristiques du cancer, son traitement, le performance status (PS), la taille, le poids actuel et antérieur ainsi que l'IMC ont été évalués chez les malades présents en consultation, hôpital de jour ou hospitalisation. La dénutrition était définie par un IMC<18.5 (<21 si ≥70 ans) et/ou une perte de poids > 5% en un mois ou 10% en 6 mois. Des questionnaires concernant la prise en charge nutritionnelle étaient remplis par les malades. Les comparaisons ont été réalisées à l'aide du test t de Student.

Résultats

Dans N1 et N2, respectivement, le statut nutritionnel a été évalué chez 1.903 patients (59 ± 13 ans ; H/F : 58% vs 42%) et 2.197 patients (62 ± 13 ans ; H/F : 52%/48%). Les principales localisations étaient hématologiques (20% vs 10%), digestives (17% vs 32%), ORL (19% vs 13%), mammaires (12% vs 15%) ou broncho-pulmonaires (13% vs 10%). Le cancer était local (25% vs 23%) loco-régional (31% vs 22%) ou métastatique (44% vs 55%). Le PS était 0 ou 1 (52% vs 58%), 2 (25% vs 27%) ou 3 ou 4 (23% vs 15%).
La prévalence de la dénutrition était de 39% en 2005 ; elle était également de 39% en 2012. Selon le type de cancer, elle était dans N1 et N2 de 67% vs 54% pour le pancréas, 60% vs 53% pour l'oesophage/estomac, 49% vs 42% pour l'ORL, 45% vs 41% pour le poumon, 39% vs 35 % pour le colo-rectum, 34% vs 46% pour l'hématologie et 20% vs 21% pour le sein (NS). La dénutrition était étroitement liée au PS et sa prévalence dans N1 et N2 était respecpectivement de 14% vs 17% pour PS 0, 31% vs 33% pour PS 1, 52% vs 48% pour PS 2, 54% vs 67% pour PS 3 et 65% vs 70% pour PS 4 (NS).
En 2005, 55% des malades (59% des dénutris et 28% des non dénutris) affirmaient avoir bénéficié d'une prise en charge nutritionnelle ; ils étaient 69% (86% des dénutris et 58% des non dénutris) en 2012 (P<0,05). L'amélioration de la prise en charge était plus marquée (P<0,05) en ORL (72% vs 85%), en hématologie (51% vs 63%) et pour les cancers broncho-pulmonaires (50% vs 70%). Les types de prise en charge étaient au cours de N1 et N2, respectivement : des conseils diététiques (68% vs 89% : P<0,05), des compléments nutritionnels oraux (44% vs 50% ; P<0,05), une nutrition entérale (25% vs 17% ; P<0,05) ou une nutrition parentérale (18% vs 16% ; NS).

Conclusion

En sept ans en France, la prévalence de la dénutrition est restée la même chez les malades atteints de cancer. Par contre, la prise en charge nutritionnelle des malades semble s'être améliorée et les malades ont bénéficié plus souvent de conseils diététiques et de compléments nutritionnels oraux. Ces résultats encourageants (même si 14% des malades dénutris n'ont encore aucune prise en charge), suggèrent une prise de conscience du problème nutritionnel en cancérologie.