JFHOD

Introduction

Plus de 50% des patients en oncologie digestive sont dénutris ou sarcopéniques au diagnostic, avec un impact négatif sur la qualité de vie, les complications des traitements et la survie. La nutrition et l’activité physique adaptée (APA) sont les 2 outils de soins essentiels dans la prise en charge de la sarcopénie. L’objectif de notre étude était d’évaluer les pratiques professionnelles et les besoins de formation des médecins (internes et séniors) impliqués en oncologie digestive (hépato-gastroentérologues [HGE], chirurgiens digestifs, oncologues médicaux) sur la nutrition et l’APA.

Matériels et méthodes

Un questionnaire a été élaboré sur la plateforme www.sondageonline.fr par un groupe de travail rassemblant cliniciens (HGE, chirurgiens digestifs et oncologues médicaux), diététiciens et enseignants en APA. Il comprenait 42 questions réparties en 5 sections : démographie, pratiques en nutrition, formation en nutrition, pratiques en APA et formation en APA. L’enquête nationale a été diffusée entre avril et juillet 2019 par les sociétés savantes et associations d’internes des 3 spécialités et par un groupe coopérateur en oncologie digestive.  

Résultats

230 médecins ont participé (40% d’internes, 57% de femmes), dont 201 (87,4%) ont complété le questionnaire dans son intégralité. Toutes les régions étaient représentées, avec une majorité d’exercice en Île-de-France (55%). La participation des 3 spécialités était équilibrée (34% d’HGE, 31% d’oncologues médicaux, 23% de chirurgiens). L’oncologie digestive était l’activité clinique principale chez 43% des participants et 34% voyaient plus de 15 patients d’oncologie digestive par semaine. 61% des participants déclaraient avoir reçu une formation en nutrition et 21% en APA. 90% des médecins interrogés souhaitaient un renforcement de leur formation initiale ou continue sur ces 2 thématiques sous la forme de cours en ligne, de staffs dans les services et de séminaires de formation. Une analyse par spécialité révélait que les chirurgiens renseignaient moins souvent un poids actualisé dans le dossier de leurs patients (66% vs. 86%, p<0,01), étaient moins à l’aise pour leur parler de régimes restrictifs (moyenne d’auto-évaluation sur échelle visuelle analogique [EVA] 21/100 vs. 43/100, p<0,01), les orientaient plus souvent vers un accompagnement en APA (30% vs. 21%, p<0,01) et étaient moins formés en nutrition (45% vs. 59%, p=0,01) et en APA (7% vs. 25%, p<0,01). Les HGE prescrivaient plus souvent une albuminémie (88% vs. 77%, p<0,01) et étaient plus à l’aise avec la prescription de nutrition entérale (EVA 76/100 vs. 65/100, p<0,01). Les oncologues médicaux évaluaient moins souvent les ingestas de leurs patients (14% vs. 29%, p<0,01), étaient plus sensibilisés à l’APA (37% vs. 14%, p<0,01) et étaient moins à l’aise avec la prescription de nutrition entérale (EVA 62/100 vs. 72/100, p=0,01) mais plus à l’aise sur les régimes restrictifs (EVA 51/100 vs. 18/100, p<0,01). Les médecins exerçant en Île-de-France mesuraient moins souvent le poids de leurs patients (75% vs. 90%, p<0,01), étaient moins à l’aise pour parler de régimes restrictifs (EVA 32/100 vs. 45/100, p<0,01) et étaient moins formés en APA (12% vs. 32%, p<0,01).  

Discussion

Conclusion

Cette enquête nationale rend compte des connaissances et des pratiques en nutrition et APA des différents acteurs médico-chirurgicaux impliqués en oncologie digestive, et des disparités en fonction des spécialités. La majorité des médecins souhaitaient être mieux formés sur l’APA et la nutrition. Cette enquête pourra servir de base pour la proposition de formations adaptées dans le cadre du D.E.S. ou de la F.M.C.

Remerciements

Remerciements : 

- Elaboration du questionnaire : GERCOR, SFCD, AERIO, Siel Bleu

- Diffusion : GERCOR, SFCD, AERIO, AGEO, Institut Curie, Nutricia