C.093 - Helicobacter pylori : épidémiologie comparée des recrutements de deux hôpitaux généraux avec les données observées en France métropolitaine par le Centre National de Référence
Introduction
En France, le taux de résistance à la clarithromycine des souches de Helicobacter pylori (HP) est proche de 20%. Les recommandations françaises pour le diagnostic et le traitement de l’infection à HP ont été actualisées en 2021. But : comparer les données de prévalence de l’infection à HP et de résistance aux antibiotiques au sein des recrutements de 2 hôpitaux généraux avec les données colligées en France métropolitaine par le Centre National de Référence (CNRCH).
Patients et Methodes
Enregistrement prospectif des gastroscopies diagnostiques réalisées aux centres hospitaliers A (CHA) (octobre 2020 - mai 2021) et B (CHB) (septembre 2020 - juin 2021) avec PCR systématique des biopsies HP+ à l’examen histologique et culture des souches résistantes à la clarithromycine (clari-R). Dans le CHA, 4 biopsies (2 antrales 2 fundiques) étaient acheminées après décongélation au CNRCH pour analyse bactériologique. Le traitement prescrit et son résultat étaient évalués sur un échantillon d’un quart des patients. Dans le CHB, l’analyse bactériologique était réalisée sur site.
Résultats
1795 patients du CHA bénéficiaient d’une gastroscopie, 1034 (57,6%) étaient évalués pour HP (0 à 88% selon l’endoscopiste) et 257 (24,9%) HP+ à l’examen anatomo-pathologique (228 naïfs de tout traitement d’éradication). 1927 patients du CHB bénéficiaient d’une gastroscopie, 1359 (70,5%) étaient évalués et 359 (26,4%) HP+. Les résultats bactériologiques figurent dans le tableau. Les taux de résistance à la clarithromycine observés dans les CHA et CHB étaient significativement inférieurs au niveau national. Les taux de résistance à la lévofloxacine étaient homogènes. Dans le CHA, les taux de résistance primaire à la clarithromycine étaient de 13,9% en PCR et de 13,7% en culture. Sur 51 patients HP+ du CHA contactés 6 mois après l’examen, 35 (68,6%) avaient été traités et 20 (57,1%) avaient effectué un test respiratoire.
CHA | CHB | CNRCH 2020 | p | |
Patients HP+ n | 257 | 359 | 562 | - |
PCR m (%) | 226 (87,9) | 359 (100) | 562 (100) | <0,001 |
Cultures positives n/m (%) | 114/176 (64,8) | 288/359 (80,2) | 443/562 (78,8) | <0,001 |
Souches clari-R PCR n/m (%) | 37/226 (16,4) | 53/358 (14,8) | 143/562 (25,4) | <0,001 |
Souches clari-R culture (%) | 19/115 (16,5) | 50/288 (17,4) | 110/428 (25,7) | 0,01 |
Souches lévo-R culture (%) | 19/115 (16,5) | 51/288 (17,7) | 73/428 (17,1) | 0,9 |
Souches métro-R culture (%) | 47/115 (40,9) | - | 262/428 (61,2) | 0,02 |
Discussion
Les mauvaises performances de la culture versus PCR du CHA sont liées aux mauvaises conditions pré-analytiques (congélation-décongélation). Le taux excessif de patients du CHA non traités à 6 mois est probablement la conséquence du délai de rendu du résultat bactériologique définitif conditionnant le traitement recommandé (2 à 4 semaines). Pour y pallier, une copie du compte-rendu définitif de gastroscopie spécifiant le traitement recommandé est dorénavant adressée au patient lui-même.
Conclusion
HP était présent chez un patient biopsié sur 4 dans les 2 centres hospitaliers généraux. La résistance aux macrolides semble varier selon les recrutements, de 15 à 17% dans les 2 centres hospitaliers, significativement inférieure au taux national de 25% rapporté par le CNRCH. Les taux de résistance primaire et secondaire aux antibiotiques devront être comparés pour ces 3 centres avant toute analyse causale plus fine. En pratique courante, la PCR est plus sensible que la culture et permet la détection plus rapide d’une résistance aux macrolides afin de proposer des schémas simplifiés, plus "écologiques", chez plus de 8 patients sur 10 dans certains centres.
Remerciements