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CO.133 - Hémorragies digestives associées à l’adénocarcinome du pancréas : causes, caractéristiques, pronostic et prise en charge

L. Aguilera-Munoz, L. de Mestier, H. Lamallem, B. Jais, M. Palazzo, F. Nin, F. Maire, P. Lévy, V. Rebours, P. Hammel

Introduction

Les hémorragies digestives (HD) sont une complication classique et grave de l’adénocarcinome du pancréas (AP). Peu d’études ont rapporté leur contexte de survenue, leurs causes et les modalités et résultats de leur prise en charge. Les objectifs de cette étude étaient de décrire les caractéristiques et causes des HD associées à l’AP et de décrire les types de traitements hémostatiques utilisés pour les HD par envahissement tumoral du tube digestif et explorer les facteurs associés à leur efficacité, avec un focus sur la radiothérapie d’hémostase.

Patients et Methodes

Étude observationnelle monocentrique rétrospective incluant les patients ayant eu un ou plusieurs épisode(s) d’HD associés à un AP entre 2000 à 2017, identifiés à partir de la base de codage diagnostique prospective PMSI. Un traitement hémostatique était considéré efficace si le besoin transfusionnel post-thérapeutique (de J3 à J14) était inférieur au besoin transfusionnel pré-thérapeutique (de J-5 à J2).

Résultats

Parmi 4565 patients traités pour un AP durant la période d’étude, 139 (3,0%) ont eu une HD. Soixante-sept patients (48,2%) ont été exclus pour données insuffisantes, HD post opératoire précoce ou sans rapport avec la maladie tumorale et/ou ses traitements. La population finalement étudiée était constituée de 72 patients. Les AP étaient principalement de localisation céphalique (54/72 ; 75,3%), et localement avancés ou métastatiques (53/72 ; 73,6%). Le taux de récidive d’HD après traitement était de 21/72 (29,2%), donc 94 épisodes d’HD ont été colligés. La principale cause d’HD était l’envahissement tumoral gastrique ou duodénal (53/94 ; 56,4%), suivie de l’hypertension portale segmentaire (HTP) (18/94 ; 19,1%). Les traitements de l’HD par envahissement tumoral étaient l’endoscopie d’hémostase (20/53 ; 37%), un traitement médicamenteux seul par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) (15/53 ; 27,8%) et la radiothérapie d’hémostase (13/53 ; 24,1%). Cette dernière était utilisée uniquement pour les HD par envahissement tumoral. L’efficacité de cette dernière en première intention, n’était pas différente de celle des autres traitements en analyse multivariée (OR 0,3 ; IC 95% [0,06-1,59] ; p=0,156).  La médiane de survie après survenue de l’HD était de 2,72 mois (IC 95% [1,43-4,01]). La cause d’HD par une autre cause qu’un envahissement tumoral (HR 0,55; IC 95% [0,32-0,94]; p=0,03) et l’absence de progression tumorale selon RECIST au moment de l’HD (HR 0,5 ; 95% IC, 0,29-0,86 ; p=0,012), avaient un impact pronostique positif sur la survie en analyse multivariée.

Discussion

Conclusion

L’HD dans un contexte d’AP est une complication rare mais grave. Le principal mécanisme causal à rechercher est l’envahissement tumoral pariétal, qui est associé à un pronostic péjoratif. L’efficacité de la radiothérapie d’hémostase n’est pas différente de celle des autres traitements mais reste une option thérapeutique à discuter en cas de large surface d’envahissement de la paroi digestive.

Remerciements