Hépatite E

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Hépatite E

L’infection du foie par le virus de l’hépatite E (VHE) est essentiellement aiguë, rarement chronique. L’atteinte inflammatoire détruit les cellules hépatiques mais, la plupart du temps, la contamination ne laisse aucune trace clinique : le foie se régénère et l’infection n’est plus qu’un mauvais souvenir. Exceptionnellement, l’insuffisance hépatique (hépatite fulminante) qu’elle entraîne peut nécessiter une greffe en urgence.

Le virus de l’hépatite E (VHE) a été identifié pour la première fois en 1983.

Aujourd’hui, l’hépatite E est la première cause d’hépatite virale aiguë dans le monde, avec plus de 20 millions de cas et 70 000 décès prématurés par an. L’incidence de l’hépatite E est en augmentation au niveau mondial mais également dans l’Union européenne depuis une décennie : de 514 en 2005, le nombre de nouveaux cas d’hépatite E était de 5 617 en 2015.

L’hépatite E est placée sous haute surveillance par le centre national de référence des hépatites entéro-transmissibles français.

Depuis 2013, grâce à une amélioration de la performance des tests de diagnostic et à une vigilance accrue de la part des professionnels de santé, environ 2 000 cas symptomatiques d’hépatite E sont répertoriés chaque année dont plus de 95 % des cas sont autochtones (infection contractée en France).

Quels sont les modes de contamination/transmission ?

Le virus de l’hépatite E (VHE) existe partout dans le monde.

Dans les pays en développement, la contamination est de type « féco-orale » : la transmission est directe par ingestion d’eau souillée par des excréments humains.

En France, le mode de transmission principal est de type « zoonotique ». Cela signifie que la source de contamination est le plus souvent alimentaire en particulier par l’ingestion de viande de porc contaminée par le virus de l’hépatite(VHE).

Après l’exposition au virus de l'hépatite E (VHE), la période d’incubation est de 2 à 10 semaines (5-6 semaines en moyenne). Les personnes infectées excrètent le VHE quelques jours avant l’apparition des symptômes, puis pendant 3 à 4 semaines.

En 10 semaines au plus, l’hépatite E guérit seule. Très rarement, une insuffisance hépatique aiguë ("hépatite fulminante") peut se déclarer.

L’unique intervention pour éviter le décès (constaté chez 1 % à 4 % des adultes selon les études) est la greffe de foie.

Qui présente un risque ?

Les femmes enceintes et les personnes immuno-déprimées sont à risque

Chez les  personnes dont le système immunitaire est déficient (transplantées sous immuno-suppresseurs, traitées pour un cancer ou infectées par le VIH, par exemple) il est possible que l’infection ne guérisse pas spontanément. On parle alors d’infection chronique, avec un risque d’évolution vers la cirrhose et ses complications. 60 000 personnes pourraient en mourir chaque année dans le monde.

Les femmes enceintes sont l’autre population vulnérable en cas d’infection par le virus de l'hépatite E (VHE). Elles peuvent transmettre le virus au fœtus qui peut en décéder. Elles sont elles-mêmes plus à risque de décès pendant le 3ème trimestre de grossesse (+ 20 %), à la suite d’une hépatite fulminante.

Les examens

Une prise de sang suffit, le plus souvent

A partir de 2010, la mise au point de tests biologiques plus performants et une meilleure connaissance de l’hépatite E (dont le génome a été séquencé en 1990 seulement) ont entraîné une augmentation des diagnostics de cas autochtones.

Une prise de sang suffit au diagnostic.  Elle détecte des anticorps (immunoglobulines spécifiques de type IgM) fabriqués par l’organisme pour se défendre contre l’infection par le virus de l'hépatite E (VHE).

Il est possible d’utiliser d’autres tests diagnostiques en renfort, comme la RT-PCR (amplification en chaîne par polymérase après transcription inverse) capable de détecter directement la présence du virus grâce à son génome, dans le sang ou dans les selles. Ce test est également largement utilisé en France car il permet un diagnostic direct de la maladie.

Les traitements

Une régression spontanée, sans traitement

Il n’y a pas d’indication de traitement spécifique en cas d’hépatite E aiguë. En effet, les anticorps synthétisés par la personne infectée et dirigés contre le virus E suffisent à faire disparaître le virus.

Une hospitalisation est en revanche judicieuse dans les formes symptomatiques, en particulier chez la femme enceinte, en cas d’atteinte neurologique associée ou d’évolution vers une hépatite fulminante. 

En cas d’infection chronique, chez les sujets immunodéprimés une molécule antivirale (ribavirine) peut être prescrite sur une durée de 3 mois, permettant une guérison de la maladie dans la majorité des cas.

Mais la prévention est la meilleure arme contre l’hépatite E avec en premier lieu l’adoption des principes d’hygiène essentiels. Il s’agit, dans les pays en développement, du lavage des mains avec de l’eau propre avant de manipuler des aliments, d’éviter l’eau, glaçons et glace de qualité inconnue. En France, il faut respecter une cuisson à cœur de la viande de porc  (71 °C pendant 20 minutes pour inactiver le virus) et éviter les  produits à base de foie cru (saucisse de foie sèche).

Deux vaccins prophylactiques anti-hépatite E ont été testés au Népal et en Chine. Alors que l’utilisation du second a été approuvée par la Chine, aucun vaccin anti-hépatite E n’est validé et commercialisé en France. En 2015, le groupe stratégique consultatif d’experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne recommandait toujours pas son utilisation.

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Copyright : © SNFGE, Société Nationale Française de Gastro-Entérologie
Expert / Relecteur : Pr C. Bureau / Pr J-M. Péron
En collaboration avec l'
AFEF, Association Française pour l'Etude du Foie
Rédaction : H. Joubert
​Février 2019