JFHOD

C.033 - Impact de la sarcopénie sur la survenue d’une forme sévère de pancréatite aiguë

T. Chaigneau, E. Vannier, M. Musikas, M.A. Piquet, B. Dupont

Introduction

L’état nutritionnel influence le pronostic de nombreuses pathologies. S’il est établi que l’obésité est un facteur de risque de pancréatite aiguë sévère (PAS), peu de données existent quant à l’influence de la sarcopénie. L’objectif de ce travail était d’évaluer l’influence de la sarcopénie sur la survenue d’une PAS et de mesurer les performances d’indices anthropométriques seuls ou en association avec d’autres paramètres clinico-biologiques pour prédire ces formes sévères.

Matériels et méthodes

Nous avons conduit une étude rétrospective monocentrique entre janvier 2014 et décembre 2017. Tous les patients majeurs hospitalisés pour pancréatite aiguë pendant cette période ont été inclus. La sarcopénie a été évaluée par mesure de l’aire des muscles psoas (AP) au niveau de la vertèbre L3 sur un scanner réalisé durant l’hospitalisation afin d’obtenir le rapport AP/IMC. Rapporté à la surface corporelle, on obtenait un indice nommé Indice Sarcopancréatique (IS) qui s’affranchissait des différences de mesure entre sexes. La PAS était définie par la présence d’une infection de coulées de nécrose ou d’une défaillance d’organe persistante.

Résultats

Sur les 503 malades inclus dans notre analyse, 65 % étaient des hommes avec un âge moyen de 57 ans. La cause prédominante était la cause biliaire (41 %) devant la cause éthylique (32,2 %). Soixante-treize patients (14,5 %) ont présenté une PAS. En analyse multivariée, l’IS était indépendamment associé à la survenue d’une PAS (OR = 1,455 IC [1,028-2,061] ; p = 0,0346), de même que la valeur de l’Échelle Visuelle Analogique à l’entrée (OR = 1,236 IC [1,082-1,411] ; p = 0,0018), la créatininémie (OR = 1,022 IC [1,014-1,030] ; p < 0,0001) et l’albuminémie (OR = 0,899 IC [0,851-0,951] ; p = 0,0002). Seul, l’IS présentait une aire sous la courbe ROC (AUROC) à 0,57 pour prédire un épisode de PAS. Les taux de complications de la maladie n’étaient pas différents chez les patients ayant un IS inférieur ou supérieur à la valeur médiane de cet indice dans notre population (2,21) que ce soit le taux de transfert en réanimation (9,8 % contre 5,7 % ; p = 0,12), le taux d’infection de coulées de nécrose (3,3 % contre 4,7 % ; p = 0,43) ou le taux de mortalité (2,3 % contre 4,3 % ; p = 0,26). À partir des variables indépendamment associées à la survenue d’une PAS, dont l’IS, nous avons construit un score nommé Sarcopenia Severity Index (SSI). Le SSI présentait une AUROC à 0,84 comparable à celle du score de Ranson (0,87) et supérieure à l’IMC (0,57), à l’IS isolé (0,57), au SRIS persistant (0,72) ou au BISAP (0,78) pour prédire un épisode de PAS. Les malades ayant une valeur de SSI supérieure au seuil optimal (déterminé en utilisant la plus haute valeur de l’indice de Youden) présentaient un risque significativement plus élevé d’être transféré en réanimation (15,6 % contre 2,9 % ; p < 0,0001), de développer une infection de coulées de nécrose (13,1 % contre 1,5 % ; p < 0,0001), de développer une forme sévère (33,6 % contre 4,8 % ; p < 0,0001) ou de décéder (9,8 % contre 0,7 % ; p < 0,0001).

Discussion

Conclusion

Dans notre série, la sarcopénie était associée à la survenue d’une PAS. La combinaison de ce paramètre avec d’autres paramètres clinico-biologiques pronostiques peut permettre de prédire efficacement la survenue d’une forme sévère de pancréatite aiguë comme le montre notre score SSI. Ces résultats incitent à enregistrer de façon prospective des données anthropométriques et d’évaluation de la sarcopénie dans les futurs travaux qui tenteraient de développer de nouveaux outils pronostiques dans la pancréatite aiguë.

Remerciements