C.051 - Impact du microbiote sur la survenue d’infection de site opératoire dans la maladie de Crohn : résultats d’une cohorte nationale prospective
Introduction
Une intervention chirurgicale est nécessaire chez 50 à 70 % des patients atteints de la maladie de Crohn (MC), et son principal risque est l'infection de site opératoire (ISO) (1,2). Le microbiote a été largement évalué dans la MC mais pas en tant que facteur de risque de morbidité septique. L'objectif de cette étude était d'évaluer l'impact du microbiote associé à la muqueuse intestinal au moment de la chirurgie sur le risque d’ISO dans la MC.
Matériels et méthodes
Nous avons utilisé la cohorte prospective multicentrique POP-REMIND (3) pour identifier l’ensemble des patients présentant une ISO après une résection iléo-colique pour une MC, et comparer ces patients à ceux qui n’avaient pas présenté d’ISO. L’ISO était définie comme toute complication septique intra-abdominale ou locale postopératoire dans les 90 jours suivant la chirurgie : abcès de paroi, collection intra-abdominale, fistule anastomotique. Le microbiote iléal de l'échantillon de la résection a été analysé par séquençage 16S chez 149 patients (4). La sélection des variables prédictives a été réalisée par intelligence artificielle selon la technique random forest (package R VSURF) sur les paramètres cliniques et microbiologiques. Le critère de performance que nous avons considéré était l'aire sous la courbe ROC (Receiver Operating Characteristic) (AUC).
Résultats
Vingt-quatre patients ont présenté une ISO (16,1 %), et 15 d’entre eux (10,1 %) ont présenté une complication majeure selon Clavien. Il n'y avait pas de différence significative en termes de diversité alpha et bêta du microbiote entre les patients avec ou sans ISO. Il y avait en revanche des différences en termes de composition du microbiote avec notamment une augmentation des genres Fusobacterium, Epulopiscium et Hungatella chez les patients développant une ISO. Les principales variables sélectionnées pour la prédiction des ISO étaient toutes liées au microbiote. Aucun paramètre clinique n’a été retenu par l’analyse statistique pour la prédiction des ISO. L'AUC maximale (0,796) a été obtenue avec un modèle incluant 14 genres bacteriens, mais une AUC de 0,78 était déjà obtenue avec un modèle incluant seulement six genres (Hungatella, Epulopiscium, Fusobacterium, Ruminococcaceae_ucg_009, Actinomyces, et Ralstonia) (Figure 1).
Discussion
Le taux d’ISO est comparable aux séries récentes de résection pour MC (5,6). La mauvaise performance statistique des paramètres cliniques est probablement liée à leur bonne connaissance et prise en compte en amont dans la stratégie chirurgicale. La plupart des taxa bactériens identifiés comme prédictifs ont déjà été associés avec la MC en qualité de facteur pro-inflammatoire ou de facteur favorisant la récidive endoscopique.
Conclusion
Le microbiote intestinal a le potentiel de prédire les ISO après résection iléocolique pour MC. Par ailleurs, il pourrait jouer un rôle dans cette complication postopératoire fréquente.
Remerciements