P.107 - Impact d'une douleur modérée à forte en SSPI sur la durée de séjour post-opératoire et le taux de conversion après chirurgie hémorroïdaire ouverte en ambulatoire : une étude rétrospective
Introduction
La chirurgie hémorroïdaire en ambulatoire est marquée par un taux important de conversion (11 à 18 %)1,2. L’importance des douleurs post-opératoires et leur traitement en salle de surveillance postinterventionnelle (SSPI) avec des morphiniques pourraient expliquer partiellement les conversions par l’augmentation de la durée de séjour et la survenue d’effets secondaires. Nous avons évalué l’impact d’une douleur modérée à forte en SSPI sur la durée de séjour post opératoire et le taux de conversion chez des patients opérés d’hémorroïdectomie ouverte en ambulatoire. Par ailleurs, nous avons recherché les facteurs explicatifs de ce type de douleurs.
Patients et Methodes
Entre janvier et décembre 2019, tous les patients opérés d’une hémorroïdectomie ouverte en ambulatoire ont été inclus dans cette étude monocentrique rétrospective. La douleur en SSPI était évaluée avec une échelle numérique (EN) et considérée comme modérée à forte si EN ≥ 3/10. Le critère principal était la durée de séjour en post opératoire. Les critères secondaires étaient : durée de séjour en SSPI, taux de conversion et de complications à J0. Les facteurs indépendants de survenue d’une douleur avec EN ≥ 3/10 ont été recherchés. Les associations analgésiques ont été divisées en 4 groupes (G1 = Palier I/II (hors AINS), G2 = Palier I/II + Boc pudendal, G3 = Palier I/II et AINS et G4 = Palier I/II avec AINS + bloc pudendal) et comparées entre elles sur le % de douleurs modérées à fortes.
Résultats
408 patients (64 % sexe masculin) âgés de 47,6 ±11,4 ans ont été inclus dans l’analyse. Le taux de conversion a été de 10,8 % et le taux de complications de 9,5 % : saignement (n=17), NVPO (n=13) et RAU (n=13). Une douleur modérée à sévère en SSPI était présente chez 10 % (n=41) des patients. Les durées de séjour postopératoire et en SSPI étaient significativement augmentées chez les patients douloureux : respectivement, 9,7 ± 8,7 h vs 7,1 ± 11,3 h (p <0,001) et 2,8 ± 1,5 h vs 1,7 ± 0,5 h (p <0,001). Le taux de conversion était également significativement augmenté chez ces patients (20,5 % vs 8,8 % : p = 0,028). Les patients ayant une EN ≥ 3/10 présentaient un sur-risque de complications avant H24 : OR=2,63 [CI95%: 1,15–6,03] ; p< 0,05. Après analyse multivariée, 4 facteurs indépendants de douleurs modérées à fortes ont été retrouvés : âge < 45 ans, rachianesthésie, administration d’AINS et réalisation d’un bloc pudendal (Tableau 1). La combinaison d’AINS et d’un bloc pudendal permet de diviser par 6 à 7 la fréquence de survenue de douleur avec une EN≥ 3 par rapport à l’utilisation d’analgésiques de palier I (hors AINS) et II (Fig. 1).
OR | IC95 | |
Age ≤ 45 ans | 2,56 | [1,27-5,35] |
Rachianesthésie | 2,89 | [1,08-7,16] |
Bloc Pudendal | 0,48 | [0,24-0,98] |
Prise d’AINS | 0,23 | [0,11-0,46] |
Discussion
Conclusion
Nos résultats suggèrent qu’après une hémorroïdectomie programmée en ambulatoire, une douleur modérée à forte augmente la durée de séjour ainsi que les taux de conversion et de complications. Quatre facteurs explicatifs d’une douleur modérée à forte en SSPI, dont 3 indépendants du patient (rachianesthésie, bloc pudendal et administration d’AINS) ont été identifiés. L’association « AINS plus bloc pudendal » réduit fortement la fréquence de survenue de douleurs modérées à fortes tandis que la rachianesthésie la majore. Cependant, le taux de conversion reste encore élevé (8,8%) chez les patients non douloureux du fait des saignements. Une meilleure identification des patients à risque hémorragique devrait permettre de réduire encore plus les hospitalisations non programmées3.
Remerciements