C.068 - Impact pronostique de la détection post-opératoire de l’ADN tumoral circulant chez les patients opérés d’un cancer colorectal stade II : étude ancillaire de l’essai PRODIGE13
Introduction
L’identification des patients à faible versus haut risque de récidive après chirurgie pour un cancer colorectal (CCR) de stade II n’est pas clairement établie. Dans ce contexte, la détection de l’ADN tumoral circulant (ADNtc) a été rapporté comme très prometteur avec à ce jour une seule étude spécifiquement dédiée aux CCR stade II (Tie et al, Sci Transl Med. 2016). L’objectif était d’évaluer le taux de détection postopératoire d’ADNtc et son impact sur le risque de récidive et de décès chez les patients opérés d’un CCR stade II
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude rétrospective ancillaire incluant les patients opérés d’un CCR stade II dans le cadre de l’essai randomisé PRODIGE 13 évaluant 4 modalités de surveillance après chirurgie. Pour les besoins de notre étude, les patients avec un échantillon tumoral et un tube de sang collecté en postopératoire étaient éligibles afin de constituer deux groupes : un groupe avec récidive apparié 1/1 avec un groupe sans récidive sur le sexe, la localisation tumorale et le nombre de ganglions lymphatiques analysés. La détection de l’ADNtc a été réalisée par PCR digitale ciblant la principale altération identifiée par Séquençage Nouvelle Génération (NGS) sur l’ADN extrait du tissu tumoral. Le taux de détection d’ADNtc était comparé entre les groupes récidive vs non récidive et l’impact pronostique du statut ADNtc+ vs ADNtc- a été analysé sur la survie sans récidive (SSR) et la survie globale (SG). Des analyses multivariées du risque de récidive et de décès ont également été réalisées.
Résultats
Un total de 134 patients a été inclus, soit 67 dans chaque groupe sans différence sur l’ensemble des caractéristiques initiales excepté pour les tumeurs T4 plus fréquentes dans le groupe récidive (27.8 vs 12.3%, p=0,04). Au moins une altération a été identifiée par NGS sur 115/134 (85,8%) tumeurs avec un ADNtc postopératoire détecté par PCR digitale chez 10/111 (9%) des patients avec échantillons plasmatiques informatifs. Le taux de détection d’ADNtc était ainsi significativement plus élevé dans le groupe récidive que non récidive, respectivement 9/54 (16,7%) vs 1/57 (1,8%) (p=0,02) avec un délai médian de 12.4 mois entre la détection d’ADNtc et le diagnostic de récidive. Dans le sous-groupe avec chimiothérapie (CT) adjuvante (46/111, 41,4%), la détection d’ADNtc était plus fréquente en cas de prélèvement réalisé avant vs après l’initiation de la CT, respectivement 3/10 (30%) vs 1/36, (2,8%) (p=0,03). La présence de l’ADNtc était associée à un mauvais pronostic avec des médianes de SSR de 16,8 vs 54 mois (p=0,002) et de SG de 51,3 vs 69,5 mois (p=0,03) entre les patients ADNtc+ et ADNtc-, respectivement. Enfin, la détection d’ADNtc était identifiée comme un facteur indépendant associé à la récidive (OR ajusté = 11,13 ; IC 95% : 1.33-92 ;91 ; p = 0,03) et au décès (HR ajusté = 3,15 ; IC 95% : 1,28-7,74 ; p = 0,01).
Discussion
Conclusion
Nos résultats montrent que la détection d’ADNtc en postopératoire à un impact délétère majeur sur le pronostic des patients opérés d’un CCR stade II.
Remerciements