P.271 - Impact pronostique du délai de prise en charge dans l'adénocarcinome du pancréas non opérable traité par chimiothérapie
Introduction
Il semble commun en oncologie de penser qu’une prise en charge rapide impacte le pronostic des patients, comme cela a été démontré pour certains cancers (sein, côlon). Dans le cadre du cancer du pancréas, l’impact de ce délai de prise en charge sur la survie est controversé pour les cancers du pancréas. Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer le lien entre le délai de prise en charge et la survie globale chez les patients atteints d’adénocarcinome du pancréas non opérables traités par chimiothérapie et d’identifier les facteurs influençant ces délais.
Matériels et méthodes
Cette étude rétrospective a été menée dans 5 centres (2 CHU, 1 CHG, 1 UNICANCER, 1 privé) avec inclusion des patients atteints d’adénocarcinome du pancréas non opérable prouvé histologiquement ayant reçu au moins 1 cure de chimiothérapie pendant la décade 2007-2016. Les différentes dates clefs de la prise en charge ont été recueillies, depuis la date des premiers symptômes jusqu'à la première cure de chimiothérapie pour déterminer les délais. Les caractéristiques de la population et de la tumeur ainsi que les facteurs pouvant influencer les délais de prise en charge (distance résidence du patient-hôpital, mode de révélation de la maladie, méthode diagnostique utilisé pour l’obtention du diagnostic anatomopathologique, prise en charge en ambulatoire ou en hospitalisation) ont été recueillis. Les variables associées avec la survie globale étaient identifiées avec un test de log rank en analyse univariée et un modèle de Cox en analyse multivariée. Les facteurs associés pouvant influencer le délai de prise en charge premiers symptômes-première consultation et première consultation-début de la chimiothérapie était identifiés avec un test de Student, un test de Wilcoxon ou un coefficient de corrélation de Pearson en analyse univariée et avec un modèle de régression linéaire en analyse multivariée.
Résultats
Les caractéristiques des 409 patients inclus étaient : âge médian 66,1 ±10,3 années; sex ratio 1,4; distance moyenne domicile-hôpital 50 km; 71% non-fumeurs; 20,2% diabète de plus de 2 ans et 12,2% récent < 2 ans; 61% métastatiques; 83% état général OMS 0 ou 1; 34% traités par chimiothérapie FOLFIRINOX. La médiane de survie globale était de 7,2 mois (10,1 mois dans le sous-groupe traité par FOLFIRINOX). Les délais médians étaient : entre les premiers symptômes et la première consultation spécialisée de 40 jours; entre la première consultation et le début du traitement par chimiothérapie de 47 jours; délai de prise en charge globale de 100 jours. Aucun des différents intervalles calculés n’étaient associées de façon significative avec la survie globale dans la population globale et le sous-groupe traité par FOLFIRINOX. Les facteurs pronostiques étaient: chimiothérapie par FOLFIRINOX (HR 0,6 [0,5-0,8] ; P<0,001), métastases au diagnostic (HR 1,6 [1,3-2,0] ; P=0,001), état général OMS ≥ 2 (HR 1,6 [1,2-2,1] ; P<0,001) et pancréatite aigüe révélatrice (HR 2,9 [1,7-4,9] ; P<0,001). La présentation initiale par un ictère réduisait le délai jusqu’à la première consultation spécialisée (P<0,0001). Une présentation initiale par une pancréatite aigüe (P<0,001) et un antécédent de diabète (P=0,01) augmentaient le délai jusqu’au traitement alors que la taille de la tumeur (P=0,02) et la biopsie percutanée pour obtention du diagnostic de certitude anatomopathologique (P=0,01) réduisaient ce délai.
Discussion
Conclusion
Le délai de prise en charge n’était pas associé avec la survie globale des patients atteints d’adénocarcinome du pancréas non opérable traités par chimiothérapie. Une étude prospective (GERCOR Urgence Pancréas D16-1) est en cours pour évaluer la faisabilité et l'impact d’une prise en charge en moins de 14 jours entre la première consultation et le début de la chimiothérapie.
Remerciements