JFHOD

P.285 - Intérêt de l’ADN tumoral circulant HPV comme biomarqueur de surveillance des lésions anales chez les homosexuels masculins infectés par le VIH

H. Pere, N. Robillard, S. Pernot, M. Mandavit, M.L. Lucas, C. Badoual, J. Taïeb, S. Grabar, V. Taly, J. Pavie, L. Weiss, D. Veyer

Introduction

La quasi-totalité des carcinomes épidermoïdes anaux (ASCC) sont induits par les papillomavirus humains oncogènes (HPV HR). Des études récentes ont déjà montré la valeur pronostique de l'ADN tumoral circulant HPV (HPVctDNA) pour surveiller la réponse au traitement dans les ASCC avancés (Cabel et al, 2018; Bernard-Tessier et al., 2018; Cabel et al., 2017; Bernard-Tessier et al., 2019). Notre équipe a récemment rapporté, chez un patient infecté par le VIH, l’intérêt potentiel de l’HPVctDNA dans le suivi post-traitement de néoplasie intraépithéliale anale de haut grade (Veyer et al., 2019). Aucune étude n'a, pour le moment,  été menée pour évaluer l’HPVctDNA en tant que biomarqueur non invasif de surveillance des patients atteints de néoplasie intraépithéliale anale de bas grade / haut grade (LGAIN / HGAIN) potentiellement à risque de développer un ASCC, en particulier chez les homosexuels masculins infectés par le VIH (VIH-HSH). Nous avons voulu évaluer l’HPVctDNA en tant que biomarqueur prédictif et pronostique chez les patients VIH-HSH atteints de LGAIN / HGAIN ou d'ASCC.

Patients et Methodes

Notre étude exploratoire a porté sur une cohorte de 55 VIH-HSH présentant une lésion anale (16 LGAIN, 32 HGAIN et 7 ASCC) et suivis dans le Service d’Immunologie Clinique de l'Hôpital Européen Georges Pompidou pour leur infection à VIH. L'HPV HR responsable de la lésion anale diagnostiquée a été caractérisé sur l’ADN extrait des biopsies et ce, à l'aide d'un test de génotypage moléculaire. Selon le génotype HPV retrouvé, la détection de l’HPVctDNA correspondant par PCR digitale en gouttelettes (ddPCR) a été réalisée sur des échantillons plasmatiques prélevés au moment du diagnostic de la lésion anale. Pour le moment, nous avons mis au point la détection des HPV HR  les plus prévalents par ddPCR, à savoir les HPV16, -18, -31 et -33.

Résultats

Dans toutes les biopsies testées, 22 génotypes différents ont été mis en évidence et, comme attendu, HPV16 était le plus prévalent (27/55, 49,09%) (Figure 1). Des infections multiples ont été détectées dans environ la moitié des lésions (27/55). Malheureusement, 8 échantillons de biopsies LGAIN n’ont pas pu être génotypés avec des résultats non valides. Enfin, l’HPVctDNA correspondant aux génotypes HPV16, -18, -31 ou -33 détectés dans les biopsies a pu être réalisé sur 30 plasmas.

Aucun HPVctDNA n'a été détecté dans le plasma des patients atteints de LGAIN / HGAIN (Figure 1). Sur 7 patients présentant un ASCC, l'HPVctDNA était indétectable pour 5 d'entre eux (Figure 1). Pour les 2 patients dont l’HPVctDNA était positif au moment du diagnostic d’ASCC, une analyse rétrospective longitudinale de cet HPVctDNA a été réalisée dans un prélèvement plasmatique prélevé un an avant et après le diagnostic. Dans un cas sur deux, l’HPVctDNA était déjà positif dans le plasma antérieur au diagnostic d'ASCC et dans les deux cas, nous avons observé une négativation de l’HPVctDNA après le traitement correspondant une guérison clinique des patients (Figure 2).

Discussion

Conclusion

Nos résultats confirment la capacité de l’HPVctDNA à détecter les ASCC en tant que biomarqueur non invasif et sa spécificité compte tenu de sa détection potentielle uniquement dans les cas d'ASCC. De plus, la possibilité de détecter précocement l’HPVctDNA en cas d’ASCC (un an avant le diagnostic de cancer anal) ouvre la voie à une évaluation plus large de l’HPVctDNA en tant qu'outil complémentaire de surveillance du développement des ASCC dans cette population particulièrement à risque de VIH-HSH.

Remerciements