Kystes du pancréas

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Kystes du pancréas

On appelle kyste une structure contenant une substance liquidienne, en totalité ou en partie, et dotée d’une paroi (épithélium). Le terme de kyste du pancréas est imprécis car il s’agit en réalité de tumeurs kystiques du pancréas. Celles-ci sont à distinguer des « pseudo-kystes », une complication possible des pancréatites (aiguës ou chroniques) et qui ne sont qu’une rétention de liquide pancréatique sans véritable paroi.

Les tumeurs kystiques du pancréas sont très fréquentes dans la population générale. Leur présence (ou prévalence) augmente avec l’âge, et elles pourraient être découvertes chez près d’une personne sur deux au-delà de l’âge de 60 ans si des examens d’imagerie étaient réalisés au sein de la population.

Dans plus de 90 % des cas, il s’agit de kystes mesurant moins de 10 mm, souvent de quelques millimètres seulement, et qui ne retentiront pas sur le fonctionnement du pancréas ni sur la vie des patients. Il existe de nombreux types de tumeurs kystiques du pancréas, qui sont bénignes dans leur grande majorité. Cependant, certaines sont considérées comme des lésions précancéreuses et doivent être surveillées.

Les différents types de tumeurs kystiques du pancréas sont :

  • Les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas (TIPMP)
  • Les tumeurs kystiques mucineuses (cystadénomes mucineux)
  • Les cystadénomes séreux du pancréas
  • Les tumeurs pseudopapillaires et solides ou tumeur de Frantz

Les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas (TIPMP)

Il s’agit des tumeurs kystiques du pancréas les plus fréquemment diagnostiquées. Elles représentent 80 % au minimum des motifs de consultation pour tumeurs kystiques du pancréas en gastroentérologie. Leur prévalence atteint 7 % en population générale adulte et augmente avec l’âge ; au-delà de 60 ans, des estimations suggèrent une prévalence de plus de 40 %.

Ce sont des lésions bénignes mais qualifiées de précancéreuses du fait d’un risque de transformation maligne au cours de leur évolution. Ce risque est néanmoins très faible, estimé à moins de 2 % sur l’ensemble des personnes ayant potentiellement une TIPMP

Ce type de tumeur kystique du pancréas se développe à partir des canaux pancréatiques, principal ou secondaires, et provoque la sécrétion d’une substance gélatineuse (mucus) qui favorise la dilatation des canaux. C’est pourquoi le diagnostic peut être posé à l’aide d’une imagerie pancréatique (IRM, écho-endoscopie ou TDM), l’examen de référence étant une pancréato-IRM.

Très exceptionnellement, une TIPMP peut être à l’origine d’une pancréatite aiguë, conséquence de l’obstruction des canaux par du mucus. 

Lorsque qu’une TIPMP est découverte, un suivi régulier par imagerie est le plus souvent recommandé dans l’objectif de dépister des signes de progression ou évocateurs de transformation maligne.

En fonction de certains critères radiologiques, cliniques ou biologiques, une résection préventive du kyste peut être proposée afin de limiter le risque de cancer. Mais ces indications opératoires sont rares.

Les tumeurs kystiques mucineuses (cystadénomes mucineux)

Ce sont des tumeurs rares et qui concernent presque exclusivement les femmes (neuf femmes pour un homme), avec un âge moyen de 50 ans.

A l’instar des tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas, elles sont considérées comme des lésions précancéreuses. Mais le risque de cancer, peu connu, est très faible.

En cas de découverte d’une tumeur kystique mucineuse, le plus souvent de manière fortuite, une surveillance ou une résection préventive est proposée en fonction de critères cliniques et radiologiques établis par une conférence d’experts européens.

Les cystadénomes séreux du pancréas

Ce sont des tumeurs kystiques du pancréas rares, bénignes et sans potentiel de transformation maligne. Elles touchent le plus souvent les femmes à partir de l’âge de 60 ans. 

Ce sont des lésions multiloculaires, c’est-à-dire que l’on constate la présence de nombreux kystes agglomérés. Elles sont découvertes le plus souvent par hasard, ou au décours de douleurs abdominales, au moyen d’une IRM ou d’un scanner du pancréas. 

L’imagerie pancréatique permet dans la majorité des cas de poser le diagnostic (scanner- tomodensitométrie ; IRM). Le médecin visualise ainsi une tumeur unique, sans communication avec les canaux pancréatiques. Les multiples kystes lui confèrent un aspect en nid d’abeille, avec éventuellement une calcification centrale. L’écho-endoscopie complète le bilan, en cas de doute diagnostique après la réalisation d’un scanner et d’une IRM. 

La taille des cystadénomes séreux du pancréas est variable, mesurant parfois plusieurs centimètres. Une croissance de 5 mm par an peut être observée. Cela n’obère cependant pas le fonctionnement du pancréas et cela ne justifie pas une indication opératoire.

Cette tumeur kystique ne provoque aucun symptôme en dehors de cas très exceptionnels dus à des lésions dont la taille est très importante.

Les tumeurs pseudopapillaires et solides ou tumeur de Frantz

Ce sont des tumeurs bénignes très rares dont le risque de dégénérescence est faible. Elles se développent majoritairement chez les femmes jeunes.

On les découvre fortuitement ou lorsque la personne se plaint de douleurs. Celles-ci sont en lien avec une complication, tels un saignement à l’intérieur du kyste ou une rupture de la lésion en cas de kyste de grande taille.

Le traitement est la résection de la tumeur. En effet, bien qu’elles soient bénignes, une dissémination est possible en cas de rupture de la paroi (capsule), ce qui survient cependant très rarement.

Les examens

Une IRM du pancréas pour connaître la nature du kyste

Une tumeur kystique du pancréas est suspectée sur un scanner et la nature kystique est confirmée par une IRM pancréatique.

Ces deux examens permettent, dans une large majorité des cas, de poser un diagnostic final et précis de la nature de la tumeur kystique. 

Cependant, en cas de forme atypique, de doute diagnostique ou de suspicion de transformation maligne (notamment pour les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du pancréas-TIPMP et les cystadénomes mucineux), il est primordial de compléter le bilan par une écho-endoscopie (échographie au contact du pancréas par l’intermédiaire d’un endoscope). Cet examen permet la réalisation de biopsies (prélèvements de tissus au sein du pancréas) si besoin, et de chercher des critères fins en lien avec une transformation maligne.

Copyright : © SNFGE, Société Nationale Française de Gastro-Entérologie
Expert / Relecteur : Pr V. Rebours / Pr D. Laharie
Rédaction : H. Joubert - Dessin : O. Juanati
​Janvier 2022