P.413 - La bile blanche est prédictive d'une plus faible survie chez les patients ayant une obstruction biliaire néoplasique
Introduction
Le terme de bile blanche désigne la présence d'un liquide incolore et transparent dans la voie biliaire principale ou les voies intrahépatiques de patients ayant une obstruction biliaire bénigne ou maligne. Sa signification pronostique et les mécanismes pathogéniques de sa formation sont mal connus. L'objectif principal de cette étude était d’évaluer la valeur prédictive de la bile blanche sur la survie globale chez des patients ayant une obstruction biliaire néoplasique.
Patients et Methodes
L'étude a été menée dans une série de patients ictériques consécutifs ayant une obstruction biliaire néoplasique et ayant bénéficié d'un cathétérisme rétrograde des voies biliaires à visée diagnostique et thérapeutique. Au cours de cet examen, 5 à 10 mL de bile étaient prélevés au-dessus de la lésion sténosante avant toute injection de produit de contraste. Après centrifugation, le sédiment était recueilli pour l'examen cytologique de routine et le surnageant était congelé à -80°C pour le dosage ultérieur de la bilirubine totale par méthode colorimétrique après diazo-réaction. La bile blanche était définie par une concentration de bilirubine < 20 µmol/L. Les données clinico-biologiques et radiologiques étaient recueillies rétrospectivement à partir des dossiers médicaux. Le niveau de l'obstruction biliaire était défini à partir des clichés de cholangiographie rétrograde. Les variables associées à la survie ont été analysées par une analyse univariée basée sur le test du log-rank puis par une analyse multivariée basée sur le modèle proportionnel de risque de Cox. L'analyse de l'impact du niveau de l'obstruction biliaire sur la formation de la bile blanche et la relation entre les concentrations de bilirubine dans le sérum et les voies biliaires étaient des objectifs secondaires.
Résultats
Soixante-quatorze patients (41 hommes/33 femmes) ont été inclus. Quarante-et-un avaient avec un cancer des voies biliaires et 33 un cancer du pancréas. L’âge moyen était de 68.6 ± 11 ans. Trente-neuf de ces patients avaient une bile blanche. La concentration moyenne de bilirubine dans les voies bilaires de ces patients était de 4.6 ± 6.3 µmol/L versus 991.5 ± 1039.6 µmol/L chez les patients ayant une bile colorée (p<0.0001). La survie était significativement plus faible chez les patients ayant une bile blanche (p=0.037, log rank test). En analyse multivariée, les facteurs prédictifs indépendants de survie étaient la présence de bile blanche (HR 2.30 (1.14-4.66, p=0.021), l'extension métastatique (HR 3.08 (1.47-6.46, p=0.0029), un traitement chirurgical (HR 0.21 0.082-0.52, p=0.0008) et l'administration d'une chimiothérapie (HR: 0.44 (0.21-0.90, p=0.025). La bilirubinémie était significativement plus élevée chez les patients ayant une bile blanche (336±135 µmol/L) que chez les patients ayant une bile colorée (210±133µmol/L, p=0.0002) et il existait une corrélation inverse significative entre les concentrations de bilirubine dans le sérum et dans les voies biliaires (coefficient de corrélation r=−0.41; p=0.002). La bile blanche était observée indépendamment du niveau d'obstruction des voies biliaires.
Discussion
Conclusion
Cette étude menée sur la plus large série publiée à ce jour démontre que la présence de bile blanche chez des patients ayant une obstruction biliaire néoplasique est un facteur prédictif indépendant de plus faible survie. Elle est la conséquence d'une cholestase sévère et prolongée induite par une obstruction biliaire, qu'elle soit située au-dessus ou au-dessous de la convergence du canal cystique et de la voie biliaire principale.
Remerciements
Financement : Appel d'Offres Local de Recherche Clinique du CHU de Reims.