C.131 - Le glucose intrakystique est performant pour distinguer les tumeurs mucineuses des tumeurs non-mucineuses du pancréas
Introduction
Connaitre la nature mucineuse d’une tumeur kystique du pancréas est un enjeu majeur dans la prise en charge de ce type de lésion. En pratique courante, cette caractérisation repose souvent sur un faisceau d’arguments dont le dosage intrakystique d’ACE. Le glucose intrakystique semble un biomarqueur simple, reproductible, moins onéreux et performant dans cette caractérisation mais les données actuelles restent très insuffisantes.
Patients et Methodes
Tous les patients bénéficiant d’une cytoponction échoendoscopique entre juillet 2018 à juillet 2021 ont été enregistrés prospectivement. Les comptes rendus descriptifs étaient standardisés. Le liquide d’aspiration était envoyé systématiquement en cytologie et biochimie pour dosage du glucose, de l’ACE et de l’amylase. De façon concertée et rétrospectif, le diagnostic final était retenu à l’aveugle des résultats biochimiques en tenant compte des arguments cliniques (terrain, anamnèse, suivi), radiologique (IRM, echoendoscopie), voire anatomo/cytopathologique, et classé selon un niveau de certitude à 3 niveaux (certain, probable, non spécifique). Des courbes ROC ont été réalisées pour évaluer et comparer les performances diagnostiques du glucose et de l’ACE intrakystique. Le meilleur seuil a été déterminé par le test de Youden. Les résultats ont également été regardés selon les seuils communément admis dans la littérature : 50 mg/mL pour le glucose et 192 ng/mL pour l’ACE.
Résultats
Au total, 51 patients ont été enregistrés. Sur les 39 patients avec un diagnostic de certitude, 20 avaient une tumeur mucineuse (TIPMP dont 5 dégénérées ; taille médiane : 25 mm) contre 19 avec tumeurs non-mucineuses (9 pseudokystes drainés, 5 cystadénomes séreux dont un réséqué, 4 kystes séreux, 1 DKPA; taille médiane : 49 mm). Pour un seuil optimal de glucose <16.4 mg/dL), la sensibilité (Se), la spécificité (Sp), la précision diagnostique (PD) la valeur prédictive positive (VPP) et négative (VPN) pour la nature mucineuse d’une tumeur étaient de 85%, 94.4%, 89.5%, 94.4% et 85%, respectivement. Les valeurs correspondantes pour un seuil <50mg/mL étaient de 90%, 83.3%, 86.8%, 85.7% et 88.2%, respectivement. Pour l’ACE, le seuil optimal était de 121 ng/mL pour une Se, Sp, PD, VPP et VPN de 42.9%, 93.8%, 70%, 85.7% et 65.2%, respectivement. Pour un seuil >192 ng/mL, ces valeurs étaient respectivement de 35.7%, 93.8%, 66.7%, 83.3% et de 62.5%. Les performances diagnostiques du glucose tendaient à être supérieures à celles de l’ACE intrakystique (AUROC : 88.5% vs. 70.8% ; P=0.12). Pour les tumeurs avec glucose <16.4 mg/mL ou avec ACE>192 ng/mL, les valeurs correspondantes étaient de 90.0%, 87.5%, 88.9%, 90.0% et 87.5%, respectivement. Après ajustement à la taille et la localisation caudal du kyste, un niveau de glucose intrakystique <16.4 mg/mL reste associé au diagnostic de tumeur mucineuse (P=0.002).
Discussion
Il s’agit de la première étude française évaluant l’intérêt du dosage du glucose intrakystique du pancréas. Ces résultats viennent conforter ceux des 4 autres études publiées à ce jour1.
Conclusion
Un niveau bas de glucose intrakystique semble être un critère très performant dans le diagnostique de tumeur mucineuse du pancréas, et probablement supérieur à l’ACE.
Remerciements