P.411 - Le groupe sanguin O positif est associé à une diminution du risque de récidive des tumeurs neuroendocrines pancréatiques après résection chirurgicale
Introduction
Le groupe sanguin ABO serait associé au pronostic de certains cancers. Notamment, les patients ayant un adénocarcinome pancréatique auraient un relativement meilleur pronostic en cas de groupe O. Les rôles du profil de glycosylation et de la surveillance immunitaire ont été évoqués parmi les potentielles explications.
L’impact du groupe sanguin n’a cependant jamais été évalué dans les tumeurs neuroendocrines pancréatiques (TNEP) résécables. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’influence du groupe sanguin ABO sur le risque de récidive après résection chirurgicale à visée curative des TNEP.
Patients et Methodes
Étude rétrospective incluant tous les patients consécutifs opérés pour une TNEP bien différenciée dans un centre expert entre 2003 et 2018. Critères d’exclusion : carcinome peu différencié, contingent tumoral non neuroendocrine, stade métastatique.
Le groupe sanguin (A, B, AB ou O), le système rhésus (D, C, E, c, e), le système Kell et les données épidémiologiques, chirurgicales, anatomopathologiques ainsi que le suivi post-opératoire étaient colligés pour tous les patients. La répartition des groupes sanguins était comparée à la distribution dans la population française. Le critère principal était la survie sans récidive (SSR). Les facteurs associés à un risque de récidive étaient analysés dans un modèle de régression de Cox.
Résultats
Au total 300 patients (hommes 43%) étaient inclus, d’âge médian 54 ans (écart interquartile 25-75 [IQR] 45-64) ; 13% présentaient un syndrome génétique et 18% un syndrome hormonal. La taille tumorale médiane était de 2 cm (IQR 1,5-3,5) avec un index Ki67 médian à 2% (IQR 1-4), les TNEP étaient classées de stade pT3/pT4 et de stade pN1 dans respectivement 19% et 26% des cas, et 6% présentaient des marges de résection R1.
Les groupes sanguins les plus fréquents étaient les types O (45%) et A (42%) et 83% des patients étaient Rhésus D positif. La distribution des groupes sanguins était similaire à celle de la population française, considérant tous les groupes sanguins (p=0,95) ou le groupe O Rhésus D positif (O+) en comparaison aux autres groupes (p=0,74).
Le suivi médian post-opératoire était de 44 mois (IQR 17-78) durant lequel le taux de récidive était de 17%. Les taux de SSR à 5 et 10 ans étaient respectivement de 85±4% et 71±13%, chez les patients de groupe O+, contre 72±4% et 63±6% chez les patients d’autres groupes sanguins (p=0,035).
En analyse multivariée, le groupe O+ était associé à une SSR prolongée (HR 0,34, IC95 [0,15-0,75], p=0,007). De plus, un âge plus avancé (HR 1,04, IC95 [1,01-1,06], p=0.010), un Ki67 plus élevé (HR 1,11, IC95 [1,06-1,16], p<0.001), une taille tumorale plus importante (HR 1,23, IC95 [1,11-1,37], p<0,001) et une atteinte ganglionnaire (HR 3,5, IC95 [1,75-7,01], p<0,001) étaient également associés à un risque de récidive augmenté, après ajustement sur la présence d’une prédisposition génétique (HR 0,55, IC95 [0,17-1,81], p=0,33), l’existence d’un syndrome fonctionnel (HR 2,33, IC95 [0,91-5,98], p=0.078) et le statut R1 (HR 2,16, IC95 [0,87-5,32], p=0,097).
Discussion
Conclusion
Les patients ayant un groupe sanguin O+ ont une diminution significative et indépendante du risque de récidive après résection chirurgicale à visée curative pour TNEP non métastatique. Des études complémentaires sont requises pour en comprendre les causes.
En plus de l’importance du groupe sanguin, cette étude confirme celle de l’index Ki67, de la taille tumorale et du statut ganglionnaire dans l’évaluation du risque de récidive postopératoire et l’adaptation de la surveillance de ces patients.
Remerciements