C.061 - Le laser : une option thérapeutique novatrice et séduisante du sinus pilonidal infecté
Introduction
Le sinus pilonidal infecté (SPI) est une pathologie fréquente. Son traitement est chirurgical. En France, la chirurgie d’exérèse avec cicatrisation dirigée à ciel ouvert est la technique de référence en raison de son taux de succès élevé. Toutefois, les suites opératoires sont contraignantes et la cicatrisation est longue (6 à 12 semaines). Le SiLaT ou Sinus Laser Therapy est une nouvelle technique mini-invasive de traitement du SPI qui vise à éviter ces inconvénients.
Dans une première étude, nous avions évalué 29 patients traités par SiLaT. Le taux de succès était de 69%. Nous avons réalisé une seconde étude, incluant les premiers patients traités, afin d’évaluer les résultats chez un plus grand nombre de patients et à plus long terme.
L’objectif principal de cette étude était d’évaluer le taux de guérison de la technique. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer sa morbidité et la satisfaction des patients, et de déterminer les facteurs prédictifs de guérison.
Patients et Methodes
Cette étude rétrospective a inclus tous les patients consécutivement traités par SiLaT dans notre centre entre le 1er juin 2018 et le 31 décembre 2020. Le geste était réalisé au bloc opératoire sous anesthésie loco-régionale ou générale.
La guérison était définie par la fermeture des orifices cutanés, l’absence de suintement et d’abcès. L’échec était défini par l’absence de guérison au terme des 2 premiers mois postopératoires et la récidive comme la réouverture des orifices et/ou la survenue d’un suintement et/ou d’un nouvel abcès au-delà des 2 mois postopératoires. La satisfaction des patients était évaluée en « très satisfait », « moyennement satisfait », « peu satisfait » ou « insatisfait ».
Le protocole de l’étude a été accepté par le comité d’éthique de l’hôpital.
Résultats
Nous avons inclus 111 patients (sex ratio H/F : 2,1), d’âge moyen 28,8 ans (+/- 9,45). Leur IMC (kg/m2) moyen était de 24,5 (+/- 3,5) et 48 patients (43,2%) étaient fumeurs.
Le SPI évoluait depuis en moyenne 2,3 ans (+/- 3,2). Il avait déjà été opéré chez 18 patients (16,2%) : 12 chirurgies d’exérèse avec cicatrisation dirigée, 5 chirurgies d’exérèse avec fermeture médiane de la plaie et 1 drainage par séton. Le nombre moyen de fossettes pilonidales était de 2,4 +/-1,5 et il y avait un ou plusieurs orifice(s) secondaire(s) chez 54 patients (48,6%). L’énergie moyenne délivrée par le laser au cours de la procédure était de 722,7 joules (+/- 581,8).
Au terme d’un suivi moyen de 339,2 jours (+/- 221,4), 87 patients (78,4%) étaient considérés comme guéris. Le délai moyen de cicatrisation était de 29,3 jours (+/- 45,4). Il y a eu 2 échecs primaires (1,80%) et 22 récidives (19,82%). Le délai moyen de récidive était de 147,3 jours (+/- 93,45). L’analyse de la survie sans récidive (figure) a montré que la récidive survenait principalement au cours des 6 premiers mois postopératoires.
La douleur postopératoire maximum (EVA) était de 1,9 (+/- 2,4). La durée médiane de retour aux activités habituelles était de 3 jours (1-7). La seule complication post opératoire en rapport avec la technique a été le saignement, survenue chez 2 patients (1,80%). Enfin, 82 patients (88,2%) étaient « très satisfaits ».
L’analyse multivariée n’a révélé aucun facteur prédictif de guérison dans les variables étudiées. En particulier, le tabagisme, le surpoids et l’extension du sinus, qui étaient associés à un risque plus important d’échec dans notre première étude, n’étaient pas prédictifs dans cette étude.
Discussion
Conclusion
Le SiLaT a permis de guérir plus de 3 patients sur 4 de cette série, confirmant un taux d’efficacité élevé qui semble se maintenir au cours du temps. De surcroît, les complications étaient rares et mineures. Enfin, le taux de patients « très satisfaits » était élevé (88,2%) notamment en raison de suites simples permettant un retour aux activités habituelles rapide. Nous pensons donc que cette technique novatrice pourrait être une option thérapeutique séduisante à proposer aux patients pour le traitement du SPI.
Remerciements