JFHOD

C.041 - L'intégration d'une équipe d'addictologie dans la prise en soin des patients transplantés pour maladie du foie liée à l'alcool diminue le risque de rechute sévère : résultats d’une étude comparative multicentrique

J. Daniel, J. Dumortier, A. Del Bello, L. Gamon, N. Molinari, J. Ursic-Bedoya, G.P. Pageaux, H. Donnadieu-Rigole

Introduction

La maladie du foie liée à l’alcool (MFA) est la première indication de transplantation hépatique (TH) en France. La reprise des consommations d’alcool après la TH concerne jusqu’à 40% des patients, et est jugée sévère dans 11 à 26% des cas. Cette rechute sévère est associée à un surrisque de récidive de cirrhose liée à l’alcool sur greffon, de néoplasie, de morbidité cardiovasculaire, de décès. Une prise en charge spécifique du trouble de l’usage de l’alcool (TUA) pourrait réduire le taux de rechute sévère après TH. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet de l’intégration de médecins addictologues au sein d’un centre de TH sur le pronostic de ces patients.

Patients et Methodes

Cette étude multicentrique rétrospective a inclus les patients adultes transplantés pour MFA « pure », cirrhose mixte exclue, entre 2000 et 2015, dans les trois centres participants. Les patients transplantés entre 2008 et 2015 dans un des centres ont été pris en charge par une équipe de médecins addictologues intégrée à l’équipe de TH (groupe d’intérêt), contrairement à ceux des autres centres (groupe contrôle). En raison de la nature observationnelle rétrospective de l'étude et pour minimiser les différences entre les groupes, des analyses par appariement sur score de propension ont été effectuées dans un rapport 1:1. Le critère de jugement principal était le taux de rechute sévère en alcool définie par une consommation de 4 verres standards et plus par jour pendant au moins 100 jours consécutifs. Les critères de jugements secondaires étaient le taux de récidive de cirrhose sur greffon, de cancer de novo, de récidive de CHC, d’événement cardiovasculaire sévère, de décès.

Résultats

616 patients ont été inclus dont 195 avaient bénéficié d’une prise en charge addictologique spécifique (cohorte globale). 79,4% étaient des hommes, âge moyen 55,4 ans. 58,3% avaient une cirrhose classée C du score de Child-Pugh, leur score de MELD médian était de 18, 32,7% étaient atteints de carcinome hépato-cellulaire (CHC). La durée médiane de suivi était de 9 ans, 6,6 ans dans le groupe d’intérêt et 11,1 ans dans le groupe contrôle. Le taux de survie de la cohorte globale était de 97,4 %, 83,7 % et 66,5 % à respectivement 1, 5 et 10 ans. Après appariement 1 :1 sur score de propension, 170 paires ont été créées (cohorte appariée), comparables sur les variables d’ajustement sélectionnées pour la construction du score (âge, genre, antécédent de tabagisme, durée d’abstinence pré TH +- 6 mois, facteurs de risque cardiovasculaire, scores de MELD et de Child-Pugh). La prise en charge addictologique était significativement associée avec un moindre risque de rechute sévère en alcool (6.5% vs 15.5%; HR = 0.33 (95% CI, 0.16–0.69; p = 0.0033)) et de survenue d’événements cardiovasculaires sévères (10.0% vs. 20.0%; OR = 0.39 (95% CI, 0.20–0.79; p = 0.0086)). Il n’y avait pas de différence significative en termes de mortalité (HR = 1.00 (95% CI, 0.68-1.47; p = 0.99)), de survenue de cancer de novo (21.7% vs 24.7%; OR = 0.86 (95% CI, 0.56-1.33; p = 0.17)), de récidive de CHC (15.7% vs 10.7%; OR = 1.67 (95% CI, 0.61-4.59; p = 0.32)) ou de cirrhose du greffon liée à l’alcool (5.1% vs 3.5%; OR = 1.60 (95% CI, 0.52-4.89; p = 0.41)) entre les deux groupes en analyse univariée.

Discussion

Conclusion

Notre étude multicentrique portant sur un large effectif de patients transplantés pour MFA a mis en évidence une diminution de la rechute sévère en alcool grâce à une prise en soin addictologique.

Remerciements

Remerciements à l’ensemble des centres de TH participants à l’étude.