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P.030 - Oxaliplatine dans le traitement du cancer colorectal métastatique : la voie d’administration intra-artérielle hépatique permet-elle de diminuer la toxicité neurologique périphérique par rapport à la voie intraveineuse ?

M. Valery, M.L. Tanguy, V. Boige, L. Benhaim, M. Gelli, T. Debaere, L. Tselikas, C. Prieux-Klotz, A. Fuerea, C. Smolenschi, A. Hollebecque, M. Ducreux, D. Malka

Introduction

L’oxaliplatine, chimiothérapie majeure dans le traitement du cancer colorectal métastatique (CCRM), est responsable d’une neuropathie périphérique (NP) cumulative et limitante. La chimiothérapie intra-artérielle hépatique (IAH), logique en cas de métastases hépatiques exclusives ou prédominantes, permet d’augmenter la concentration intra-tumorale du ou des médicaments administrés, afin d’en améliorer l’efficacité et d’en limiter la toxicité systémique.

Patients et Methodes

Nous avons comparé la fréquence et la sévérité de la NP chez des patients avec CCRM naïfs de traitement par oxaliplatine, traités dans des essais thérapeutiques ayant évalué un traitement comprenant de l’oxaliplatine administré soit par voie IAH (essais CHOICE, OSCAR et PACHA-01), soit par voie intraveineuse (IV) (essai FFCD 2000-05). Le critère de jugement principal était la survenue d’une NP cliniquement significative (grade 2 à 4) en fonction de la dose cumulée d’oxaliplatine reçue. Les critères de jugement secondaire étaient la survenue d’une NP sévère (grade 3 et 4), la précocité de survenue de la neuropathie et l'arrêt du traitement par oxaliplatine pour NP. 

Résultats

342 patients ont été inclus, dont 300 dans le groupe oxaliplatine IV et 42 dans le groupe oxaliplatine IAH. 180 patients du groupe oxaliplatine IV (60%) et 24 patients du groupe oxaliplatine IAH (57%) ont présenté une NP cliniquement significative, sans différence significative entre les 2 groupes (p=0.85). 95 patients du groupe oxaliplatine IV (32%) et 8 patients du groupe oxaliplatine IAH (19%) ont présenté une NP sévère, sans différence significative entre les 2 groupes (p=0.082). En revanche, la NP apparaissait de manière plus précoce dans le groupe oxaliplatine IAH (p=0.035), avec plus d’arrêt du traitement pour neurotoxicité (p=0.0003) en comparaison au groupe oxaliplatine IV. 

Discussion

Les résultats de cette étude attestent du passage systémique de l'oxaliplatine lors de son utilisation par voie IAH. Malgré un ratio d'extraction hépatique proche de 50% (1), la toxicité neurologique induite par l'oxaliplatine ne semble pas diminuée lors de son administration par voie IAH. La précocité de survenue de la NP induite par l'oxaliplatine administrée par voie IAH pourrait être liée à une attitude thérapeutique plus agressive chez ces patients (moins de réductions de dose observées dans le groupe oxaliplatine IAH), potentiellement résécables en cas de bonne réponse morphologique. 

Conclusion

L’administration de l'oxaliplatine par voie IAH au cours du CCRM ne paraît pas réduire l’incidence, la précocité et la sévérité de la NP en comparaison à la voie IV.  

Remerciements