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CO.161 - POEM gastrique dans la gastroparésie réfractaire : résultats d’une étude de cohorte prospective

M. Chartier, H. Duboc, M. Dior, S. Rajca, S. Latrache, C. Gorbatchef, M. Palazzo, B. Coffin

Introduction

La gastroparésie est un trouble moteur digestif caractérisé par un ralentissement de la vidange gastrique, en l’absence d’obstacle mécanique.  Sa physiopathologie est mal connue, mais l’un des mécanismes du retard de vidange gastrique pourrait être une dysfonction du pylore ou « pylorospasme », conduisant au développement de traitements endoscopiques ciblant le pylore comme la dilatation pylorique, l’injection intra-pylorique de toxine botulique ou plus récemment la pyloromyotomie endoscopique ou G-POEM. Il s’agit d’une technique développée par analogie au POEM œsophagien dans l’achalasie, décrite pour la 1ère fois chez l’homme en 2013 par Kashab et al (1), et dont l’efficacité clinique est estimée entre 80 et 90% associée à une faible morbidité de l’ordre de 6 à 7% (2). Cependant, seule une dizaine d’études bien menées a été publiée sur le sujet, comme en témoigne une récente revue systématique de la littérature regroupant 10 études avec un effectif total de 292 patients (2). 9 de ces 10 études sont rétrospectives et la seule étude prospective regroupait 20 patients.  Nous présentons donc les résultats d’une nouvelle étude de cohorte prospective de patients ayant eu un POEM gastrique pour gastroparésie réfractaire.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective menée en centre expert d’endoscopie digestive, incluant les patients consécutifs ayant eu un G-POEM entre juin 2018 et mars 2020 pour gastroparésie réfractaire, en échec du traitement médical ou après échec d’un ou plusieurs traitement(s) endoscopique(s) et/ou après échec de neurostimulation gastrique. Le critère de jugement principal était l’amélioration du score GCSI à 1 mois. Les critères de jugement secondaires étaient le succès clinique à 1 et 3 mois (défini par une diminution du score GCSI de plus de 0,75 points), l’évolution des différents items du GCSI à 1 et 3 mois, et l’évolution de l’IMC à 1 mois. Les complications pendant la procédure et dans les suites ainsi que la durée d’hospitalisation étaient également recueillies. 

Résultats

Trente patients ayant eu un POEM gastrique entre juin 2018 et mars 2020 ont été inclus, dont 18 femmes (60%), avec un âge moyen de 44,4 ± 16,2 ans. La gastroparésie était post-opératoire chez 12 patients (40%), idiopathique chez 11 patients (36,7%), diabétique chez 4 patients (13,3%, tous diabétiques de type 1), liée à une connectivite chez 2 patients (6,7%), et post-virale suite à une primo-infection à Epstein-Barr Virus chez un patient (3,3%). Concernant les traitements précédemment reçus, tous les patients étaient en échec d’un traitement prokinétique bien menéDix patients avaient eu une ou plusieurs dilatation(s) pylorique(s) (33,3%), 1 patient avait reçu une injection intra-pylorique de toxine botulique (3,3%) et 13 patients étaient porteurs d’un neurostimulateur gastrique (43,3%). 

Le score de gravité clinique GCSI initial moyen était de 3,41 ± 0,64. 

La durée moyenne du G-POEM était de 56 ± 17,5 minutes et le taux de succès technique de 100%. 

Trois complications immédiates per-endoscopiques sont survenues (1 hémorragie, 1 perforation et 1 perforation associée à une hémorragie), traitées dans tous les cas lors de l’endoscopie. Six patients ont présenté une complication légère à modérée lors de l’hospitalisation (20%) : 3 sepsis traité par antibiothérapie (2 sepsis avec fièvre d’origine indéterminée et 1 avec une collection sous-hépatique) et 3 saignements traités médicalement ou endoscopiquement. Aucune complication sévère et aucun décès ne sont survenus.  La durée moyenne d’hospitalisation après la procédure endoscopique était de 4,7 ± 2,3 jours.

Il a été observé une amélioration significative du GCSI à un mois du POEM gastrique, le GCSI moyen passant de 3,41 ± 0,64 à 2,10 ± 1,46 (< 0,0001) soit une amélioration moyenne de 1,32 points (Figure 1).

Le taux succès clinique était de 63,3% à 1 mois et 62,5% à 3 mois. A 1 mois du POEM gastrique, il existait une amélioration statistiquement significative de tous les paramètres du GCSI, et cette amélioration se maintenait à 3 mois sauf pour la sensation de plénitude gastrique et la satiété précoce. 

L’indice de masse corporelle à 1 mois n’était pas amélioré de manière significative après le POEM gastrique, passant de 23,2 ± 5.7 kg/m² à 23.4 ± 5.8 kg/m² (P = 0,44).

Discussion

Conclusion

Cette étude de cohorte prospective portant sur 30 patients présentant principalement des gastroparésies post-opératoires et idiopathiques en échec de traitement endoscopique ou par électrostimulation gastrique confirme que le POEM gastrique est une procédure réalisable chez tous les patients, avec peu de complications. Son efficacité clinique est satisfaisante à court terme, même chez des patients sévères multi-traités.

Remerciements