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C.052 - Risque de récidive clinique après résection iléo-colique dans la maladie de Crohn pour les sous-catégories i2a et i2b : résultats d'une méta-analyse sur données individuelles

P. Rivière, J. Pekow, J. Ollech, N. Hammoudi, M. Allez, P. Wils, M. Nachury, P. De Cruz, M. Kamm, C. Wang, M. Manosa, M. Ferrante, A. Buisson, S. SINGH, D. Laharie, M. Diouf, M. Fumery

Introduction

Le score endoscopique de Rutgeerts modifié (SRm) est largement utilisé pour guider la prise en charge thérapeutique après résection iléocolique dans la maladie de Crohn (MC). Au sein de la catégorie i2, le SRm sépare les lésions confinées à l'anastomose (i2a) et celles du néo-iléon terminal (i2b). L'intérêt de distinguer ces 2 entités pour guider la stratégie de prévention de la récidive postopératoire est débattu. L'objectif de notre étude était de comparer le risque de récidive postopératoire chez les patients avec un SRm i2a et i2b grâce à une méta-analyse sur données individuelles.

Patients et Methodes

Nous avons conduit une revue de la littérature à partir de la base Medline  et des résumés des principaux congrès internationaux (jusqu’à juillet 2020) afin d’identifier tous les essais cliniques et études de cohortes rapportant le risque de récidive postopératoire clinique, endoscopique (progression vers un SRm i3-i4) et/ou chirurgicale chez les patients avec un SRm I2a/b évalué dans l’année suivant la chirurgie.  Les bases de données de chaque étude ont été obtenues auprès des auteurs correspondants de chaque étude identifiée. Le délai jusqu'à chacun des trois événements d'intérêt était estimé par la méthode de Kaplan-Meier. L'association entre SRm et ces événements était évaluée à l'aide d'un modèle de Cox mixte et un modèle à effet aléatoire.

Résultats

Sur un total de 17 études identifiées, 7 études publiées entre 2008 et 2019 incluant un total de 400 patients, ont pu être incluses (étude de cohorte, n=5 ; essai clinique, n=2).  Dans l'année suivant la resection ileocolique, 189 (47%) patients présentaient un SRm i2a et 211 (53%) un SRm i2b. En dehors du sexe (homme : I2a, 40.8% ; I2b, 55.8% ; p=0.009), il n’existait aucune différence significative entre les 2 groupes concernant le tabagisme, la localisation et le phénotype de la maladie, l’indication opératoire ou le traitement préventif de la récidive post-opératoire. Les patients avec un SRm I2b bénéficiaient cependant plus souvent d’initiation ou d’optimisation d’immunosuppresseurs (p=0.001) ou d’anti-TNFs (p=0.001) après l’endoscopie. Le risque de récidive clinique à 1, 3 et 5 ans était respectivement de 11% [6%-15%], 25% [18%-32%] et 36% [27%-43%] dans le groupe I2a et de 9% [5%-13%], 33% [26%-41%] et 47% [39%-56%] dans le groupe I2b (p=0.63, p=0.12, et p=0.054 respectivement). Il n’existait pas de différence de délai avant récidive clinique (Hazard Ratio (HR)=1.27 ; IC95% [0.91 ; 1.76] ; p=0.16, Figure 1), endoscopique (HR=1.39 ; IC95% [0.93 ; 2.08] ; p=0.11) ou chirurgicale (HR=0.94 ; IC95% [0.44 ; 2.00] ; p=0.87). 

Discussion

Conclusion

Cette méta-analyse de données individuelles ne retrouve pas de différence significative entre les catégories i2a et i2b du score de Rutgeerts modifié pour ce qui est du risque de récidive post-opératoire clinique, endoscopique ou chirurgicale. Les limites du SRm pourraient expliquer sa faible valeur prédictive.

Remerciements