P.214 - Seconde ligne thérapeutique du carcinome hépatocellulaire avancé par régorafénib ou cabozantinib. Étude comparative multicentrique en vie réelle après appariement
Introduction
débuter une seconde ligne de traitement systémique du carcinome hépatocellulaire (CHC) est devenu une situation courante, par échec, progression secondaire ou intolérance en particulier à une première ligne d’inhibiteurs de tyrosines kinases (ITKs) type sorafenib. Même si les résultats des combinaisons thérapeutiques sont très prometteurs, les seules options envisageables (hors essais) dans cette situation en France sont deux ITKs à large spectre : regorafenib (REG) depuis 2017, et cabozantinib (CBZ) depuis 2019, sans étude comparative sur laquelle se référer.
Patients et Methodes
Objectif(s) : principal : évaluer la survie sans progression (SSP) des patients traités en seconde ligne par REG ou CBZ ; secondaires : évaluer le taux de contrôle de la maladie dans ces deux populations, les survies globales (SG), la toxicité des deux molécules et identifier les variables associées à la progression de la maladie durant les 6 premiers mois.
Méthodologie : étude rétrospective (2017-2021) multicentrique comparative avec appariement (BCLC, Child-Pugh, Angioinvasion, Métastases, AFP) par la méthode du score de propension. SSP et SG selon Kaplan-Meier. Analyse multivariée des facteurs de risque de progression au cours des 6 premiers mois de traitement (modèles mixtes pour plans à mesures répétées).
Résultats
58 patients âgés de 68 (62-74) ans classés BCLC B/C (86%, angioinvasion 51%), Child-Pugh (CP)-A/B (24%) ont reçu du REG durant 3.4 (1.4-10.5) mois comme seconde ligne thérapeutique. 28 patients âgés de 68 (60-73) ans atteints de CHC classés BCLC B/C (75%, angioinvasion 46%), CP-A/B (25%) ont reçu du CBZ en seconde ligne durant 3.7 (1.8-4.9) mois, après une première ligne thérapeutique par sorafenib durant 3 (2-4) mois (CBZ) vs 4 (2.9-11.8) mois (REG), p= 0.0226. 20% de l’effectif total a reçu une 3ème ligne thérapeutique, la majorité issu du groupe REG. Il n’y avait pas de différence significative entre ces deux groupes concernant les caractéristiques des patients avant la mise sous REG ou CBZ (sexe, étiologie de la cirrhose, indice de performance, présence de varices œsophagiennes, fonction hépatique, plus grand diamètre tumoral, présence de métastases, angioinvasion). Il n’y avait pas également de différence concernant les taux sériques d’AFP, ou de CRP (médiane), mais un ratio neutrophiles/lymphocytes >3 était plus fréquent dans le groupe REG (p=0.0217). Après appariement, chaque groupe comptait 28 patients. La SSP n’était pas significativement différente entre les deux groupes (REG 2.4 (1.4-7.1) mois vs CBZ 4.0 (1.8-10.9) mois, p=0.3289), de même que la SG, ou le taux de contrôle (REG 21% vs CBZ 32%, p=0.5472) après une période de suivi de 7.4 (2.6-15.0) mois (REG) vs 5.2 (4.1-9.4) mois (CBZ), p=0.6836. Seul le taux de décès était plus important dans le groupe REG après appariement (93% vs 64%, p=0.02). L’analyse (après appariement) des patients ayant uniquement reçu deux lignes de traitement ne modifiait pas ces résultats. Il n’y avait pas de différence concernant les toxicités de grade 3/ 4, les réductions de dose (REG 79% vs 82%), les pauses (REG 50% vs 43%). L’analyse multivariée des facteurs de risque de progression au cours du temps identifiait une CRP> 10 mg/l, un rapport Neutrophiles/Lymphocytes >3, des AST > 45 UI comme facteurs prédictifs. De cette analyse, un calcul de risque de progression à 2 mois est proposé: Score_2M = -0.1849 + 0.1943 x (1 si Rapport Neutro/Lympho >3 ; 0 sinon) + 0.3053 x (1 si CRP >10 ; 0 sinon) + 0.4962 x (1 si AST >45 ; 0 sinon) (score >0.5 : risque accru de progression).
Discussion
Conclusion
cette comparaison indirecte ne retrouve pas de différence concernant la survie sans progression sous regorafenib ou cabozantinib comme seconde ligne thérapeutique du CHC avancé au sein d’une série multicentrique. Une majorité de patients n'a pas une maladie contrôlée au terme du suivi. L’élévation de marqueurs inflammatoires (CRP, rapport neutrophiles/lymphocytes) et des ASAT au cours du temps est associée à un non contrôle sous TKIs. Nous proposons un score en ligne évaluant le risque de progression à partir de ces variables après deux mois de traitement.
Remerciements
Remerciements à Madame Rahamia Ahamada pour son aide précieuse