JFHOD

P.302 - Structure et métabolisme énergétique du muscle squelettique dans la cachexie cancéreuse chez les patients atteints d’un cancer digestif

A. Dolly, T. Lecomte, M. Ouaissi, M. Caulet, B. Anon, D. Regnault, R. Chautard, D. Moussata, F. Marques, N. Michot, N. Tabchouri, J.F. Dumas, S. Servais

Introduction

La cachexie cancéreuse est un syndrome multifactoriel qui se manifeste principalement par une perte de muscle squelettique (sarcopénie) associée à une baisse de la qualité de vie, de l’efficacité de la chimiothérapie et de la survie des patients. Les mécanismes complexes qui conduisent à cette sarcopénie ne sont pas tous élucidés. Des dysfonctions mitochondriales et une accumulation de vacuoles lipidiques pourraient jouer un rôle dans le développement de cette atrophie musculaire. Notre objectif était d’évaluer les fonctions structurelles et métaboliques dans le muscle squelettique de patients pris en charge pour un cancer digestif, en fonction de leur index de masse musculaire (SMI).

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude prospective de patients pris en charge pour un cancer du pancréas ou colorectal, pour lesquels une chimiothérapie était indiquée (étude METERMUCADIG-NCT02573974). Pour chacun des patients, une biopsie musculaire du pectoralis major a été collectée lors de la pose d’une chambre implantable, avant une chimiothérapie adjuvante ou palliative de 1ère ligne. Leur composition corporelle a été étudiée à partir d’une coupe scanner lombaire. A partir de l’aire du muscle mesurée au scanner, l’index de masse musculaire (aire du muscle / taille du patient2) et la masse musculaire corporelle globale (Lean-Body Mass LBM=0.30 x aire du muscle + 6.06), ont été estimées. Des analyses de microscopie optique et électronique, de mesure de la consommation d’oxygène mitochondrial et de RT-qPCR ont été réalisées sur les biopsies musculaires. Pour chacune de ces analyses, les patients ont été séparés par tertiles de SMI, le tertile 1 (T1) incluant les patients avec le plus faible SMI.

Résultats

45 patients ont été inclus, d’un âge moyen de 67 ans (IQR : 59 à 77). 30 (67%) étaient des hommes. 23 (51%) ont été pris en charge pour un cancer du pancréas avancé, 12 (27%) pour un cancer colorectal avancé. Parallèlement, 10 (22%) patients atteints d’un cancer du côlon localisé opéré, ont été inclus. L’IMC et le SMI moyen étaient respectivement de 21.9 kg/m2 (IQR, 20.3 à 24.7) et 44.4 cm2/m2 (IQR, 40.1 à 49.0) chez les hommes ; et de 22.9 kg/m2 (SD, 4.3 ; ♂ vsp=ns) et 36.4 cm2/m2 (IQR, 34.0 à 42.8 ; ♂ vsp=0.009) chez les femmes.

Les analyses en microscopie optique des biopsies musculaires, ont montré une diminution significative de la surface des fibres musculaires squelettiques chez les patients avec un faible SMI (T1 : 1761 µm² (SD, 611) vs T3 : 2979 µm² (SD, 953) ; p=0.001). Cette surface corrèle positivement avec la LBM des patients (p=0.0001, r=0.634). Les observations réalisées en microscopie électronique n’ont montré aucune différence du nombre et de la surface des vacuoles lipidiques (T1 : 0.20 µm² (SD, 0.07) vs T3 : 0.18 µm² (SD, 0.06) ; p=ns), ainsi que de la surface des mitochondries (T1 : 0.07 µm² (SD, 0.02) vs T3 : 0.06 µm² (SD, 0.02) ; p=ns) entre les tertiles de SMI. La consommation d’oxygène mitochondrial demeurait également inchangée. Nous n'avons pas non plus observé de différence d’expression des constituants des vacuoles lipidiques, des marqueurs de la biogenèse, de fusion et de fission mitochondriales, ainsi que du nombre de copies d'ADN mitochondrial, tous quantifiés par (RT-)qPCR.

Discussion

Conclusion

La sarcopénie évaluée au scanner dans d’autres études cliniques dans le contexte de la cachexie cancéreuse pourrait être expliquée par une diminution de la surface des fibres musculaires en anatomopathologie.

Il n’est pas observé de dysfonction structurelle et métabolique mitochondriale et lipidique, dans le muscle squelettique des patients avec un faible index de masse musculaire, pris en charge pour un cancer digestif avancé. Il s’agit de résultats originaux qui vont permettre de progresser dans la connaissance des mécanismes de la sarcopénie associée au cancer.

Remerciements