Dans cette étude de très grande envergure, les auteurs montrent des résultats intéressants et plutôt inattendus.
Grâce à une méthodologie statistique élaborée, les facteurs confondants semblent limités grâce à l’approche statistique par IPTW (ajustement sur âge, sexe, cause de la cirrhose, fonction hépatique, pathologies cardiovasculaires). Le suivi est relativement long (49 mois), laissant la place à la survenue des événements. Il existe dans ce travail une augmentation de la mortalité de toutes causes de 7 % au cours du suivi chez les patients atteints de cirrhose compensée traités par IPP, et une majoration du risque infectieux (notamment des infections du liquide d’ascite), mais une baisse de mortalité chez les patients hospitalisés pour hémorragie digestive haute ulcéreuse. Il existe des limites, malgré la qualité du travail : (1) on ne sait pas si les IPP permettent de diminuer la probabilité d’être hospitalisé pour une hémorragie liée à un ulcère peptique ; (2) on ne connaît pas l’indication des IPP chez les patients traités, ce qui limite un peu les conclusions des auteurs, qui, cependant, semblent raisonnables, à savoir de ne prescrire des IPP chez les patients atteints de cirrhose qu’en cas d’indication réelle ; (3) les hypothèses physiopathologiques restent aussi peu étayées qu’il y a 10 ans.
On rappelle que les indications des IPP sont les suivantes : ulcère gastroduodénaux (traitement limité dans le temps), RGO et œsophagite par RGO, éradication HP, prévention et traitement des lésions liées aux AINS chez les patients à risque (âge >65 ans, co-prescription antiagrégants ou corticoïdes ou anticoagulants, ou ATCD ulcère peptique). Une recherche systématique de l’indication des IPP doit être faite chez les cirrhotiques ; le traitement doit être suspendu en l’absence d’indication.