Il est difficile de guérir les fistules anales de la maladie de Crohn. Les biothérapies ont été une révolution mais bon nombre de patients restent en situation d’échec. Diverses techniques chirurgicales d’obturation ont été proposées mais leur valeur ajoutée reste discutée.
L'objectif de cet essai contrôlé multicentrique « PISA-II » était de comparer la guérison radiologique obtenue par un traitement anti-TNF durant 4 mois suivi d’une technique d’obturation versus un traitement anti-TNF seul durant 12 mois après retrait du séton. Les patients avaient une fistule haute dans le cadre d’une maladie de Crohn. Ils étaient randomisés s’ils n’avaient aucune préférence, sinon assignés dans l’alternative thérapeutique de leur choix. Le traitement anti-TNF était l’infliximab ou l’adalimumab en combothérapie. La technique d’obturation était un lambeau d’avancement ou une ligature intersphinctérienne du trajet fistuleux. La guérison radiologique était évaluée par IRM à 18 mois et définie par une fibrose complète du trajet fistuleux ou un score MAGNIFI-CD à 0.
Entre 2013 et 2019, 94 patients ont été inclus dont 32 (34 %) randomisés et 62 assignés au traitement de leur choix. In fine, 38 (40 %) patients ont été traités par « anti-TNF + obturation chirurgicale » et 56 par « anti-TNF seul ». Les deux groupes étaient similaires.
La guérison radiologique était plus fréquente dans le groupe « anti-TNF + obturation chirurgicale » : 12/38 (32 %) versus 5/56 (9 %) (p=0,005). De surcroît, le PDAI était plus faible (p=0,031) et un nombre moindre de patients a nécessité une ré-intervention dans ce même groupe : 5/38 (13 %) versus 24/56 (43 %) (p=0,005). En revanche, la guérison clinique, définie par la fermeture de l'orifice externe sans écoulement visible à la palpation, n'était pas différente entre les deux groupes : 26/38 (68 %) versus 29/56 (52 %) (p=0,076). Durant le suivi des patients en guérison clinique, une récidive est survenue chez 14 % des patients du groupe « anti-TNF + obturation chirurgicale » et 16 % du groupe « anti-TNF seul » mais aucune récidive ne s’est produite en cas de guérison radiologique. Enfin, les événements indésirables ont été similaires dans les deux groupes.