L’aspirine, un traitement préventif du carcinome hépatocellulaire ?
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Prévention

Degré d'innovation
Important

Avancement
Recherche clinique

Impact patient

Impact soin
Faible

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Futur lointain

Rédacteur
Docteur Jean-charles Nault

Enthousiasme

À la une 06/05/2020

L’aspirine, un traitement préventif du carcinome hépatocellulaire ?

Cette étude observationnelle suédoise a analysé la survenue du carcinome hépatocellulaire chez 50 275 patients ne recevant pas d’aspirine comparés à 14 205 patients recevant de l’aspirine à faible dose au long cours.

 

Tous les patients étaient atteints d’hépatite chronique B ou C et les deux groupes ont été appariés en utilisant un score de propension.

La prise d’aspirine était associée à une diminution du risque de survenue de carcinome hépatocellulaire (4 % dans le groupe aspirine à 10 ans versus 8% dans le groupe contrôle). De plus, la prise d’aspirine diminuait le risque de décès liée à l’hépatopathie (11 % dans le groupe aspirine versus 17,9 % dans le groupe contrôle). Les effets positifs observées de l’aspirine étaient de plus dépendant de la durée d’administration du traitement. Le risque hémorragique n’était pas augmenté chez les patients prenant de l’aspirine.

 

Commentaires
 

A l’heure actuelle, seul la prise en charge de l’étiologie de l’hépatopathie sous-jacente a montré un intérêt pour diminuer l’incidence du carcinome hépatocellulaire chez les patients à risque, en particulier les cirrhotiques. Cet effet a été bien démontré dans le cadre des traitements antiviraux de l’hépatite B et de l’hépatite C. Néanmoins, chez les patients cirrhotiques, le risque de développer un carcinome hépatocellulaire persiste même après contrôle de la maladie virale. Plusieurs traitements chimiopreventifs du CHC ont été suggérés dans la littérature tel que la metformine et les statines sans que le niveau de preuve soit suffisant pour justifier leurs utilisations en pratique clinique.


Cette nouvelle étude observationnelle suggère que l’aspirine pourrait diminuer la survenue du carcinome hépatocellulaire chez les patients avec une hépatite B et C chronique. Même si l’analyse méthodologique effectuée par les auteurs est robuste et le nombre de patients importants, certains facteurs tel que l’influence du traitement antiviral n’étaient pas pris en compte dans cette analyse. De plus, les scores de propension utilisées ne permettent pas de s’affranchir complètement des biais liés au caractère observationnel de l’étude. Au final, une étude prospective randomisée reste nécessaire pour valider le rôle chimiopréventif de l’aspirine chez les patients à risque de développer un carcinome hépatocellulaire.

Références
 
Titre :

L’aspirine, un traitement préventif du carcinome hépatocellulaire ?

Titre original :

Association of Aspirin with Hepatocellular Carcinoma and Liver-Related Mortality

Auteurs :

Tracey G. Simon, Ann‑Sofi Duberg, Soo Aleman, Raymond T. Chung, Andrew T. Chan, and Jonas F. Ludvigsson.

Source(s) :

Article

Revue :

New England Journal of Medicine

Références biblio. :

New England Journal Of Medicine, 2020 Mar 12;382(11):1018-1028

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