Le pemigatinib, nouveau traitement prometteur chez les patients présentant un cholangiocarcinome avec une fusion ou réarrangement du gène FGFR2
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Thérapeutique

Degré d'innovation
Important

Avancement
Non validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Futur proche

Rédacteur
Dr Nadim FARES

Enthousiasme

À la une 03/05/2021

Le pemigatinib, nouveau traitement prometteur chez les patients présentant un cholangiocarcinome avec une fusion ou réarrangement du gène FGFR2

Le démembrement moléculaire des cholangiocarcinomes a récemment permis d’identifier les voies de carcinogenèse impliquées dans ce type de cancer hétérogène. Une fusion ou un réarrangement du gène FGFR2 sont présents dans 10 à 15 % des cholangiocarcinomes intra hépatiques (CCI). Ils sont responsables d’un signal de prolifération cellulaire contre lequel des inhibiteurs spécifiques (anti-FGFR) sont en développement.

 

L’étude de phase II multicentrique, multicohorte, FIGHT 202 a évalué l’efficacité du pemigatinib, un inhibiteur oral anti-FGFR, (anti FGFR1/2/3), chez 146 patients avec un CCI localement évolué ou métastatique. 107 patients présentaient l’anomalie cible : une fusion/réarrangement du gène FGFR2. Deux autres cohortes concernaient des patients présentant une autre anomalie de FGFR (20 patients) ou pas d’anomalie sur FGFR (19 patients). Le taux de réponse objective était de 35 % dans la cohorte avec fusion/réarrangement de FGFR2 vs 0 % dans les 2 autres cohortes. La survie sans progression était plus élevée en cas de fusion/réarrangement FGFR2 que dans les 2 autres cohortes (6,9 versus 2,1 et 1,7 mois respectivement). La survie à 1 an était également nettement améliorée : 68 % en cas de fusion/réarrangement FGFR2 vs 23 et 13 % dans les 2 autres cohortes. Le profil de tolérance était globalement correct (toxicité de grade ≥3 observée dans 63% des cas). La toxicité la plus fréquente était l’hyperphosphatémie (64 % tous grades).

 

Commentaires
 

Le cholangiocarcinome voit son incidence en augmentation dans les pays développés et conserve un pronostic sombre (survie à 5 ans < 10 %).

 

La plupart des cas sont diagnostiqués à un stade avancé avec une médiane de survie globale inférieure à 1 an sous chimiothérapie. Les thérapies ciblées anti-antigéniques et anti-EGFR se sont avérées décevantes ; l’immunothérapie est en cours d’évaluation. Mais le démembrement moléculaire, grâce aux nouvelles techniques de séquençage, a permis de jeter un regard neuf sur ces pathologies très hétérogènes qu’on traitait jusqu'à présent selon les mêmes standards. Dans le cas des CCI, 2 voies impliquées dans la carcinogenèse attirent particulièrement l’attention en raison d’un ciblage possible: les fusions/ré-arrangements du gène FGFR2 (10-15 % des CCI) et la mutation de IDH1 (10 %).

 

Cette étude de phase II, FIGHT 202, est très encourageante : un taux de réponse objective de 35 %, une amélioration de la survie sans progression. Toutefois il s’agit d’une étude de phase II non randomisée avec ses limites d’interprétation. On espère beaucoup d’une confirmation en phase III (étude en première ligne en cours impliquant plusieurs centres français). En parallèle, l’étude ClarIDHy (étude de phase III publiée dans le même mois) vient confirmer l’intérêt de rechercher une mutation IDH1 permettant d’étoffer l’arsenal  thérapeutique en 2ème/3ème ligne chez les patients présentant cette mutation (10 % des CCI). Ces deux traitements permettent désormais d’envisager une approche thérapeutique personnalisée chez près de 25 % des patients avec un CCI. Un effort sera nécessaire au niveau des plateformes de biologie moléculaire pour implanter ces analyses en routine.

Références
 
Titre :

Le pemigatinib, nouveau traitement prometteur chez les patients présentant un cholangiocarcinome avec une fusion ou réarrangement du gène FGFR2

Titre original :

Pemigatinib for previously treated, locally advanced or metastatic cholangiocarcinoma: a multicentre, open-label, phase 2 study

Auteurs :

Abou-Alfa GK, Sahai V, Hollebecque A, Vaccaro G, Melisi D, Al-Rajabi R, Paulson AS, Borad MJ, Gallinson D, Murphy AG, Oh DY, Dotan E, Catenacci DV, Van Cutsem E, Ji T, Lihou CF, Zhen H, Féliz L, Vogel A.

Source(s) :

Article

Revue :

The Lancet Oncology

Références biblio. :

Lancet Oncology 2020 May;21(5):671-684

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