Le rôle de l’alimentation dans la physiopathologie des MICI reste assez méconnu, même si son influence, par la modification du microbiote, pourrait expliquer l’augmentation franche de leur incidence dans de nombreux pays où leur incidence était faible, suite à des changements des habitudes alimentaires, avec notamment le développement d’une alimentation de type occidentale.
De nombreux travaux souvent rétrospectifs ont retrouvé une association entre la consommation de viandes, de graisses, d’acides gras insaturés et l’augmentation du risque de MICI, et à l’inverse un rôle protecteur de la consommation de fibres, de fruits et de légumes. Le rôle des aliments ultra transformés, riches en sucres raffinés, en graisses alimentaires et pauvres en fibres a également été suggéré dans plusieurs travaux.
Il s’agit dans ce travail d’une étude prospective dans 21 pays (Europe, Afrique, Moyen-Orient, Asie, Amérique du Nord, Amérique du Sud) sur 116 087 participants de 35 à 70 ans, inclus entre 2003 et 2016 (suivi médian de 9,7 ans), s’intéressant au rôle des facteurs alimentaires sur le développement d’une MICI. La consommation d’aliments ultra transformés (viande transformée, sodas, céréales du petit déjeuner, bonbons, cookies, gâteaux, chips, frites, snacks, popcorn…) était séparée en trois catégories (<1 portion/j, 1 à 4 portions/j, et ≥ 5 portions/j). La consommation de tabac, d’alcool, de sel, de viande blanche, de viande rouge, de fruits et de légumes, ainsi que l’apport calorique étaient également étudiés.
Dans ce travail, 467 participants ont développé une MICI au cours du suivi, et la consommation d’aliments ultra transformés étaient associée à un sur-risque de MICI (HR 1,82 [1,22-2,72], p=0,006 en cas de consommation élevée (≥ 5 portions/j)) (HR 1,67 [1,18-2,37], p=0,006 si 1 à 4 portions/j). Il n’y avait pas de différence vis-à-vis de ce sur-risque lié à la consommation d’aliments ultra transformés selon l’âge des participants ou leur lieu d’habitation. La consommation de sel, de viande blanche ou rouge, de fruits, de légumes et de féculents n’était pas associée au risque de MICI.