La formation d’anticorps anti médicament (ADA pour anti-drug antibody en anglais), est un mécanisme majeur d’échec des traitements anti-TNFα.
Devant l’importance des données suggérant que le microbiote pouvait modifier la réponse aux traitements, les auteurs de ce travail ont exploré l’influence des antibiotiques sur la formation d’ADA. Pour ce faire, un registre épidémiologique issu des principaux systèmes d’assurance de santé israéliens a permis d’inclure 1 946 patients avec maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) disposant d’un dosage d’anti-TNFα disponible. Leur suivi médian sous traitement était de 650 jours et 363 (18,6 %) ont développé des ADA. Les prescriptions d’antibiotiques dans les 3 ans précédent le traitement par anti-TNFα étaient colligées. L’analyse (modèle de Cox) a démontré un risque accru d’apparition d'ADA chez les patients ayant reçu des céphalosporines (HR = 1,97, IC à 95 % 1,58 à 2,44) ou des pénicillines avec inhibiteurs de la β-lactamase (pénicilline-BLI, HR = 1,4, IC à 95 % 1,13 à 1,74), alors que les patients traités par macrolides (HR=0,38, IC à 95 % 0,16 à 0,86) ou fluoroquinolones (HR=0,20, IC à 95 % 0,12 à 0,35) étaient protégés de l’apparition d’ADA.
Les auteurs ont validé leurs résultats sur des modèles murins. Parmi les souris traitées par infliximab, une augmentation significative de la production d'ADA a été observée en cas de pré-traitement par céphalosporine par rapport aux souris prétraitées par macrolides. Les souris sans microbiote intestinal n'ont produit aucun ADA.