Sur le plan méthodologique, il faut savoir qu’à chaque assertion sont attribués une valeur semi-quantitative (Recommandation Forte-Moyenne-faible), reflet de la conviction du groupe d’experts et un niveau de preuve (« Quality Evidence ») reflétant la pertinence scientifique tirée de l’analyse bibliographique. Ainsi sur l’ensemble des propositions ci-dessus, seulement 3 ont à la fois une recommandation forte et un niveau de preuve élevé (critères 6, 7 et 12). Cela n’enlève rien à la qualité du texte mais justifie une lecture critique.
Sur le fond, le texte fait la part belle à l’analyse détaillée des différents produits laxatifs disponibles avec une mise au point pour chacun d’eux des contre-indications, effets secondaires et précautions d’emploi. En termes d’efficacité les PEG-4 litres sont globalement équivalents ou supérieurs aux autres protocoles (PEG avec adjuvants et non-PEG), mais au prix d’une acceptabilité moindre. L’apport de charges ioniques en faible volume entraîne un sur-risque de troubles hydro-électrolytiques, le plus souvent sans conséquence. Fait notable, l’ESGE se positionne très clairement contre l’usage en routine des préparations à base de phosphate de sodium en raison du risque de d’insuffisance rénale aiguë par néphropathie phosphorémique. De manière générale une grande attention doit être portée aux patients susceptibles de présenter une insuffisance rénale méconnue, des perturbations hydro-électrolytiques et ceux sous traitement diurétiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC). Chez tous les patients à risque il faut privilégier le protocole ayant le meilleur profil de tolérance.
La préparation fractionnée devient donc le standard universel; avec son corolaire le délais réduit de fin de prise, mais aussi le respect des contre-indications et effets secondaires des différents laxatifs, il devient impératif de personnaliser la prescription et de l’expliciter, en fonction de l’horaire prévu pour l’examen et des caractéristiques individuelles de chaque patient. La consultation préalable était dejà essentielle pour délivrer l’information et recueillir le consentement ; c’est une étape primordiale pour évaluer le statut clinique des patients et choisir le protocole de préparation le plus approprié.
(1) Kaminski MF, Thomas-Gibson S, Bugajski M et al. Performance measures for lower gastrointestinal endoscopy: a European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) Quality Improvement Initiative. Endoscopy 2017; 49: 378–39