Les recommandations européennes pour une bonne préparation colique
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Diagnostic

Degré d'innovation
Important

Avancement
Faisabilité technique

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Immédiat

Rédacteur
Docteur Patrice PIENKOWSKI

Enthousiasme

À la une 10/01/2020

Les recommandations européennes pour une bonne préparation colique

Il s’agit d’une mise à jour des recommandations publiées antérieurement de même méthodologie (1).

 

La recherche bibliographique (Medline et Cochrane) a porté sur les études contrôlées publiées entre 2014 (postérieurement aux recommandations de 2013) et décembre 2018. Ces recommandations listent une quinzaine d’items balayant largement tous les aspects de la problématique.


Voici de manière très résumée les principales propositions : un régime clair ou sans résidu la veille est suffisant (item 1), l’explication de la préparation colique doit être répétée et reposer sur des instructions renforcées (item 2), l’utilisation associée de prokinétiques n’est pas recommandée (item 3), contrairement à l’adjonction de simethicone (item 4), les lavements évacuateurs ne sont pas recommandés en routine (item 5), la préparation en deux  temps « splitée » ou fractionnée est vivement recommandée (item 6) et en cas d’examen l’après-midi la totalité de la préparation peut être prise le matin même (item 7), en respectant dans les deux cas un intervalle libre minimal de 2 heures entre la fin des boissons claires et l’anesthésie (item 8), le protocole laxatif repose en routine sur les PEG 4 litres, les PEG 2 litres et les non PEG avec une attention particulière pour les patients à risque (item 9) tandis que les produits à base de phosphate de sodium sont à éviter en raison de leur toxicité rénale (item 10), aucune préparation spécifique n’est à prévoir chez les patients constipés (item 11), chez les patients explorés pour MICI les PEG 4 ou 2 litres sont à privilégier (item 12), en cas de rectorragies abondantes, la préparation doit être intensifiée à base de PEG 4 à 6 litres en 3/ 4 heures (item 14) et enfin en cas de préparation jugée insuffisante, l’examen doit être refait dans l’année (item 15).

Commentaires
 
Sur le plan méthodologique, il faut savoir qu’à chaque assertion sont attribués une valeur semi-quantitative (Recommandation Forte-Moyenne-faible), reflet de la conviction du groupe d’experts et un niveau de preuve (« Quality Evidence ») reflétant la pertinence scientifique tirée de l’analyse bibliographique. Ainsi sur l’ensemble des propositions ci-dessus, seulement 3 ont à la fois une recommandation forte et un niveau de preuve élevé (critères  6, 7 et 12). Cela n’enlève rien à la qualité du texte mais justifie une lecture critique.
 
Sur le fond, le texte fait la part belle à l’analyse détaillée des différents produits laxatifs disponibles avec une mise au point pour chacun d’eux des contre-indications, effets secondaires et précautions d’emploi. En termes d’efficacité les PEG-4 litres sont globalement équivalents ou supérieurs aux autres protocoles (PEG avec adjuvants et non-PEG), mais au prix d’une acceptabilité moindre. L’apport de charges ioniques en faible volume entraîne un sur-risque de troubles hydro-électrolytiques, le plus souvent sans conséquence. Fait notable, l’ESGE se positionne très clairement contre l’usage en routine des préparations à base de phosphate de sodium en raison du risque de d’insuffisance rénale aiguë par néphropathie phosphorémique. De manière générale une grande attention doit être portée aux patients susceptibles de présenter une insuffisance rénale méconnue, des perturbations hydro-électrolytiques et ceux sous traitement diurétiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC). Chez tous les patients à risque il faut privilégier le protocole ayant le meilleur profil de tolérance.
 
La préparation fractionnée devient donc le standard universel; avec son corolaire le délais réduit de fin de prise, mais aussi le respect des contre-indications et effets secondaires des différents laxatifs, il devient impératif de personnaliser la prescription et de l’expliciter, en fonction de l’horaire prévu pour l’examen et des caractéristiques individuelles de chaque patient. La consultation préalable était dejà essentielle pour délivrer l’information et recueillir le consentement ; c’est une étape primordiale pour évaluer le statut clinique des patients et choisir le protocole de préparation le plus approprié. 
 
(1) Kaminski MF, Thomas-Gibson S, Bugajski M et al. Performance measures for lower gastrointestinal endoscopy: a European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) Quality Improvement Initiative. Endoscopy 2017; 49: 378–39
Références
 
Titre :

Les recommandations européennes pour une bonne préparation colique

Titre original :

Bowel preparation for colonoscopy: European Society of Gastrointestinal Endoscopy (ESGE) guideline-Update 2019

Auteurs :

Hassan C, East J, Radaelli F et al

Source(s) :

Article

Revue :

Endoscopy

Références biblio. :

Endoscopy 2020 ;51:775-794

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