Traitement du carcinome hépatocellulaire avancé par immunothérapie : la révolution est en marche
Société Savante des Maladies et Cancers de l'Appareil Digestif

Domaine concerné
Thérapeutique

Avancement
Validé

Impact patient

Impact soin
Important

Intérêt

Arrivée dans la pratique
Futur proche

Rédacteur
Professeur Jean-Marie PERON

Enthousiasme

À la une 10/09/2020

Traitement du carcinome hépatocellulaire avancé par immunothérapie : la révolution est en marche

Cette étude ouverte, de phase 3, de première ligne, a comparé chez des patients avec un CHC avancé (CHC non résécable et jamais traité par voie systémique) la combinaison atezolizumab/bevacizumab au sorafenib.

 

Il y avait 336 patients (en intention de traiter) dans le groupe atézolizumab/bévacizumab et 165 dans le groupe sorafénib. Le Hazard Ratio pour la mortalité était de 0,58 (95 %, 0,42 à 0,79 ; p<0,001) en faveur de l’atezolizumab/bévacizumab. La survie globale à 12 mois était de 67,2 % (95 %, 61,3-73,1) avec l’ate-ézolizumab/bévacizumab et 54,6 % (95 % IC, 45,2-64,0) avec le sorafénib. La survie médiane sans progression était de 6,8 mois (95 %, 5,7-8,3) pour le groupe traité par atezolizumab/bevacizumab et 4,4 mois (95 %, 4,0-5,6) dans le groupe traité par sorafenib. Le taux de réponse objective était de 27,3 % vs 11,9 % avec 5,5 % de réponse complète dans le groupe l’atezolizumab/bevacizumab. Le taux de contrôle de la maladie était de 73,6 vs 55,3 % toujours en faveur de la bithérapie.


Des effets indésirables de grade 3 ou 4 ont été retrouvés chez 56,5 % des patients traités par atézolizumab/bévacizumab et 55,1 % des patients traités par sorafénib. L’ HTA était l’effet indésirable de grade 3 ou 4 le plus fréquent dans le groupe atezolizumab/bevacizumab (15,2 % des patients).

 

Commentaires
 

Il s’agit de la première étude montant l’efficacité de l’immunothérapie dans le traitement du carcinome hépatocellulaire (CHC) et la première fois qu’un traitement est plus efficace que le sorafénib, qui est la référence depuis 2008.

 

L’atezolizumab est un Ac monoclonal anti PD-L1 (Programmed Death Ligand 1) faisant partie  de la grande famille des inhibiteurs du checkpoint immunitaire. Son mécanisme d’action cible le cosignal inhibiteur des cellules tumorales/cellules présentatrices d’antigènes sur les lymphocytes T activant ainsi une immunité anti-tumorale. Le bevacizumab est un anticorps monoclonal dirigé contre VEGF. Des données réçentes montrent que les agents antiangiogéniques peuvent stimuler le système immunitaire et inversement les immunothérapies pourraient avoir un effet antiangiogénique. D’où l’intérêt de les  combiner pour avoir un effet anti-tumoral synergique.


Cette étude a confirmé l’efficacité de cette association y compris chez des patients présentant des  critères de mauvais pronostic tels que l’invasion macroscopique du tronc porte,  des canaux biliaires, ou plus de 50 % d’atteinte du parenchyme hépatique. Il est important de noter que dans le groupe atezolizumab/bevacizumab, la réponse antitumorale était prolongée au-delà de 6 mois chez 88 % des patients. Il est également intéressant de signaler que l’EI le plus fréquent était l’HTA donc lié au bevacizumab et qu’il y avait peu d’EI auto-immuns (irAE, immune related adverse events). Enfin, le risque d’hémorragie digestive était de 7 %, également lié au bevacizumab. La combinaison atezolizumab/bevacizumab a également amélioré le temps jusqu’à  détérioration de la qualité de vie relative à la santé ce qui est un élément très important de la prise en charge palliative en oncologie.


L’association atezolizumab/bevacizumab sera donc prochainement le nouveau traitement de première ligne du CHC avancé.

 

Nous attendons maintenant les résultats des essais en cours associant les combinaisons d’immunothérapie et d’antiangiogéniques aux traitements à visée curative (thermo-ablation, chirurgie) et à la chimio-embolisation.

Références
 
Titre :

Traitement du carcinome hépatocellulaire avancé par immunothérapie : la révolution est en marche

Titre original :

Atezolizumab plus Bevacizumab in Unresectable Hepatocellular Carcinoma

Auteurs :

Richard S Finn et al.

Source(s) :

Article

Revue :

New England Journal of Medicine

Références biblio. :

NEJM 382(20), 14 May 2020, p 1894-1905 ; DOI: 10.1056/NEJMoa1915745

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