Le surufatinib est une nouvelle thérapie orale ciblant l’angiogenèse (via VEGFR1, VEGFR2, VEGFR3 et FGFR1) et l’échappement immun (via CSF1R). Des études de phase I/II avaient rapporté une activité anti-tumorale encourageante dans les tumeurs neuroendocrines (TNE) avancées. Les essais cliniques SANET-p et SANET-ep sont deux études randomisées de phase III contre placebo, évaluant l’efficacité du surufatinib chez des patients chinois atteints de TNE avancée, d’origine respectivement pancréatique ou extra-pancréatique. Les patients inclus devaient avoir une TNE localement avancée ou métastatique, de grade 1 ou 2 (bien différenciée et index Ki67 < 20 %), ayant progressé dans les 12 mois précédents, après au maximum 2 lignes de traitement (sans thérapie anti-angiogénique antérieure).
Les patients recevaient le surufatinib (300 mg/j par voie orale) ou un placebo (randomisation 2 :1) jusqu’à progression, avec possibilité de cross-over. L’objectif principal des deux études était la survie sans progression (SSP) mesurée par les investigateurs dans la population en intention de traiter. Les études étaient conçues pour détecter une diminution de 45 % (SANET-p) ou 40 % (SANET-ep) du risque de progression ou de décès avec une puissance de 90 % et des médianes de SSP attendues dans les bras placebo de respectivement 6 et 8 mois. Une analyse intérimaire était prévue après survenue de 70 % des évènements de progression, avec des limites de p-values fixées respectivement à 0,017 et 0,015. Les études pouvaient prendre fin s’il existait une supériorité significative du surufatinib lors de l’analyse intermédiaire. Les principaux objectifs secondaires étaient la réponse tumorale, la tolérance et la survie globale.
Au total, 172 patients étaient inclus dans l’étude SANET-p, et 198 patients dans l’étude SANET-ep (TNE du tube digestif dans 47 %, thoracique 23 % ; G2 dans 84% des cas). Les caractéristiques initiales des patients étaient similaires entre les deux bras de chaque étude. Les deux études ont atteint leurs objectifs dès l’analyse intermédiaire et ont donc été interrompues précocement sur les recommandations du comité de surveillance indépendant. Dans l’étude SANET-p, la SSP médiane était de 10,9 mois dans le bras surufatinib contre 3,7 mois dans le bras placebo (HR 0,49, IC 95 % [0,32-0,76], p=0,0011). Dans l’étude SANET-ep, la SSP médiane était de 9,2 mois dans le bras surufatinib contre 3,8 mois dans le bras placebo (HR 0,33, IC 95 % [0,22-0,50], p<0,0001). Dans chaque étude, un bénéfice de SSP existait dans tous les sous-groupes explorés (âge, sexe, grade tumoral, traitements antérieurs, état général, extension métastatique, taux de chromogranine A). Les taux de réponse partielle et de contrôle de la maladie étaient respectivement de 14 % et 85 % dans l’étude SANET-p, et 8 % et 78 % dans l’étude SANET-ep. Le nombre de décès était insuffisant pour évaluer la survie globale.
Dans l’étude SANET-p, des effets secondaires sévères sont survenus dans respectivement 22 % et 7 % des bras surufatinib et placebo, contre 25 % et 13 % dans l’étude SANET-ep. Les toxicités de grade 3 ou 4 les plus fréquemment rapportés dans les bras surufatinib des deux études étaient une hypertension artérielle (37 %) une protéinurie (15 %) et une hypertriglycéridémie (5 %). Il n’existait pas de différence dans l’évaluation de la qualité de vie, à l’exception d’une diarrhée plus fréquente dans les bras surufatinib.
Sur la base des données de ces deux études, la Food and Drugs Administration a décidé une procédure accélérée d’évaluation du surufatinib chez les patients atteints de TNE avancée.