Stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD/NASH)

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Stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD/NASH)

La stéatose hépatique non alcoolique, qui se caractérise par l’accumulation de graisse dans les cellules hépatiques, touche un quart de la population française. Dans 20 % des cas, cette stéatose génère une inflammation hépatique qui peut être à l’origine de cirrhose et de cancer du foie. En France, selon les données de la cohorte CONSTANCE (2020), la prévalence de la stéatose hépatique est de 18,2 %. Environ 220 000 personnes auraient une fibrose avancée pré-cirrhotique ou une cirrhose. Des projections estiment que ce nombre va plus que doubler d’ici à 2030, et que les complications de cirrhose ainsi que les carcinomes hépatocellulaires liés à la stéatose hépatique non alcoolique vont tripler à cet horizon. Les personnes diabétiques, en surpoids ou souffrant d’affections liées au syndrome métabolique sont particulièrement à risque.

L’accumulation de graisse dans le foie (stéatose) est classiquement favorisée par une consommation excessive d’alcool. La stéatose hépatique non alcoolique ou NAFLD (pour « Non Alcoholic Fatty Liver Disease ») est le terme générique pour désigner l’accumulation excessive de graisse dans le foie non liée à la consommation excessive de boissons alcoolisées.

Aujourd’hui, la stéatose hépatique non alcoolique touche environ 20 % de la population générale. La stéatose est le plus souvent isolée (dans environ 80 % des cas). Il s’agit alors d’une situation bénigne avec un très faible risque de complications. Chez les 20 % restants, la stéatose est responsable d’une souffrance des cellules du foie (ballonisation des hépatocytes) et d’une inflammation du parenchyme hépatique : c’est la stéatohépatite ou NASH (pour « Non-Alcoholic SteatoHepatitis »).

La stéatohépatite représente la forme agressive de la maladie car elle favorise l’accumulation de fibrose hépatique dans le foie. Celle-ci est graduée en cinq stades (0 à 4), le stade 4 correspondant à la cirrhose. Parmi l’ensemble des personnes ayant une stéatose, moins de 5 % ont une fibrose pré-cirrhotique et 1 % une cirrhose. Ces pourcentages peuvent paraître faibles mais compte tenu de la fréquence de la stéatose, ils représentent au final un nombre important de personnes.

Qui présente un risque ?

L’obésité et bien d’autres facteurs de risque

La stéatose hépatique est retrouvée préférentiellement chez les patients en surpoids ou obèses. Néanmoins, l’obésité n’implique pas obligatoirement la présence d’une stéatose : une personne obèse sur deux développe une stéatose. Le risque de stéatohépatite et de fibrose est d’autant plus important qu’il y a de facteurs de risque métabolique (diabète, dyslipidémie, hypertension artérielle). La stéatose pourrait elle-même aggraver le métabolisme des lipides et des glucides et ainsi précipiter le syndrome métabolique. Un cercle vicieux. Les autres facteurs favorisant la stéatose, la NASH et la fibrose sont le style de vie (régime alimentaire déséquilibré, manque d’activité physique), les facteurs génétiques, et le microbiote intestinal dont on commence juste à explorer le rôle dans cette maladie.

Les examens

Des tests simples non invasifs en première ligne

Dans la grande majorité des cas, les motifs de découverte de la maladie sont une stéatose hépatique à l’imagerie (échographie ou scanner), une anomalie du bilan biologique hépatique, ou un excès de fer dans le sang (hyperferritinémie).

Chez des patients en surpoids ou obèses ayant des comorbidités comme le diabète, la dyslipidémie ou l’hypertension artérielle, on commence à imaginer des stratégies de dépistage au moyen de tests non invasifs. Un exemple est le test sanguin FIB4 qui associe des paramètres sanguins simples (transaminases, plaquettes) et qui peut être calculé gratuitement sur internet ou via des applications smartphones. Ce type de test non-invasif simple utilisé en médecine générale ou par les médecins spécialistes tels que les diabétologues, permet d’éliminer la présence de la fibrose hépatique chez une grande partie des patients (70/80 %). Lorsqu’ils sont positifs, ils permettent d’orienter le patient vers une évaluation plus spécifique incluant un test sanguin spécialisé (ex : FibroMètre©, FibroTest©) et/ou une mesure de la dureté du foie avec un appareil d’élastométrie (ex : FibroScan©), décisive pour l’indication de la biopsie hépatique dont l’objectif est de déterminer la gravité de l’atteinte hépatique (NASH, fibrose).

Les traitements

Petite perte de poids, gros effet sur la NASH

La bonne nouvelle est qu’il suffit de perdre un peu de poids pour améliorer les lésions hépatiques observées dans la maladie. En effet, la perte de poids permet une réversibilité de l’inflammation voire de la fibrose hépatique : perdre 10 % du poids du corps fait disparaître la stéatohépatite dans 90 % des cas.

D’un point de vue pharmacologique, aucun traitement n’a actuellement d’autorisation de mise sur le marché (AMM) mais de nombreuses molécules sont en cours d’évaluation. Il est par ailleurs important de bien traiter et équilibrer l’hypertension artérielle, le diabète et l’hypercholestérolémie.

Chez les patients cirrhotiques, la réalisation d’une échographie du foie tous les six mois est systématique afin de détecter les cancers du foie lorsqu’ils sont de petite taille et ainsi proposer un traitement curatif.

 

Copyright : © SNFGE, Société Nationale Française de Gastro-Entérologie
Expert / Relecteur : Pr J. Boursier / Pr J-M. Péron
En collaboration avec l'
AFEF, Association Française pour l'Etude du Foie
Rédaction : H. Joubert
​Novembre 2020